De la gaîté – beaucoup – du rythme scandé suggérant un pays, une contrée, un continent, un mariage harmonieux de genres musicaux avec des compositions originales débordantes de créativité, du beau texte – langue subtile, chaîne de mots fleuris pour rire (non médire) et méditer, de la métaphore et de la rime savoureuses sur fond de culture plurielle –, de l'humour, de l'émotion et plus, dans ce concert-spectacle, création artistique et ludique haut en couleur et en saveurs, pimentée et drôle que viennent de donner au CCF ces joyeux lurons que sont “Les Piments Givrés”. Ces cinq talentueux artistes attachants, poètes, troubadours, saltimbanques, musiciens hors pair (Jef De La Cruz, François Toush, dit Cisco, Thierry Paul et Yoann Godefroy) et danseuse mime, la pétulante et gracieuse Monya Rekik (silhouette gracile, féline, caméléonne, tour à tour orientale juive amoureuse du prince Ali - un amour impossible que sépare un Mur – celui de la honte ; avec un clin d'œil à la reconnaissance de l'Etat de Palestine), gitane moquée, Indienne, nymphe charmeuse, envoûtante, insoumise, ou guerrier africain…), partis de Paris au son d'une valse musette, vont dans la bonne humeur, au gré de leurs pérégrinations, transporter le spectateur à travers le monde pour un voyage – un vrai – de 60 mn. D'un continent à l'autre, ils vont s'arrêter sur un personnage type avec ses références culturelles (langue, musique et ses instruments, costumes chatoyants, décor avec mise en scène au top), son histoire, son quotidien mais aussi les clichés (réducteurs) qui le figent. Ses clichés caricaturés en toute dérision vont tomber peu à peu sous la force du message de tolérance, de paix et d'ouverture sur l'autre (apprendre à connaître son voisin, l'autre, en apparence différent, avant de le juger) que véhiculent les textes écrits par Jef De La Cruz (auteur, compositeur, guitariste, percussionniste – derbouka – interprète). “On ne choisit pas le lieu de sa naissance, on ne choisit pas ses voisins, on ne choisit pas de vivre ensemble mais il faut dire que vivre ensemble fait du bien !” C'est par ces termes de Jef (le Pavé parisien, le Gitan non voleur de poules, le Taxi de Calcutta, le chat Rasta, Johnny Guitare…) que le spectacle se termine. Les Piments Givrés salueront l'assistance avec un vibrant et chaleureux “Vive l'Algérie !” qui arrachera applaudissements et youyous stridents. Un spectacle sain, à voir en famille, qui plaît autant aux enfants (pour le rythme, la rythmique, le comique, les refrains qu'ils n'oublieront pas tels Dour biha ya chibani ou Tereketetaco Da, les jeux de scène et la beauté du spectacle) qu'à leurs parents. Un concentré d'humanité et de générosité qui en remuera plus d'un. A noter que Les Piments Givrés, après une tournée d'un an à travers la France ont choisi de se produire en Algérie (premier pays étranger) – un pays chers aux parents de Jef (42 ans, né en France) des Français d'Algérie (pieds-noirs, plus précisément). Après le CCF d'Alger, ils ont donné une représentation le 13 à Constantine et terminent leur tournée à Annaba, aujourd'hui.