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Il y a 49 ans, des patriotes algériens étaient brûlés vifs par l'OAS
Relizane
Publié dans Liberté le 16 - 01 - 2011

Il y a de cela 49 ans, à quelques mois de l'indépendance du pays, l'OAS (Organisation de l'armée secrète) perpétrait à Oran un lâche attentat à l'encontre de nationalistes algériens incarcérés à la prison d'Oran. Le 14 janvier, les dépouilles de Aoued Bendjebbar dit Si Sabri, Hamdani Adda, Guerrab Houari, condamnés à mort et Frih Ahmed condamné aux travaux forcés à perpétuité, étaient brûlés vifs par un commando de 6 tueurs de l'OAS, après avoir été extraits de la maison d'arrêt d'Oran avec des papiers officiels signés du parquet.
L'historien Abdallah Righi, que nous avons sollicité afin de dresser un portrait de ces martyrs et les circonstances de cet ignoble assassinat, a gracieusement accepté d'apporter ses lumières, fruit d'un long et patient travail de recherches historiques. “Le samedi 13 janvier 1962, 6 tueurs d'un commando de l'OAS portant des tenues de gendarmes se présentent à la Maison d'arrêt d'Oran.
Ils exhibent au greffier de la prison des documents authentiques délivrés par la justice militaire ordonnant d'extraire de la prison les quatre détenus déjà condamnés pour les présenter au juge d'instruction militaire du Tribunal permanent des forces armées (TPFA) de la ZCO d'Oran. Les prisonniers sont emmenés, menottes aux poignets par les faux gendarmes. Sans nouvelles des 4 patriotes enlevés, les membres du comité FLN de la prison, Ahmed Hallouz, lieutenant de l'ALN de la zone 7 de la wilaya V, et Mohamed Dib, responsable de l'organisation urbaine du FLN à Tlemcen, tentent de s'enquérir auprès de la direction de la prison du sort de leurs camarades. Les réponses évasives de Lotili, sous-directeur de la prison, confirment les doutes des prisonniers quant au triste sort réservé à leurs frères d'armes. Atterrés, les prisonniers avisent l'organisation urbaine du FLN d'Oran et décident d'entamer sur le champ une grève de la faim pour exiger des autorités françaises l'assurance d'assurer la sécurité des prisonniers. La grève durera 12 jours. Le jeudi 25 janvier, ils obtiennent gain de cause. Les condamnés à mort sont transférés dans des prisons en France.
Un semblant de protection est assuré aux prisonniers mais cela n'empêchera pas l'organisation terroriste OAS qui jouissait de la complicité du personnel pénitentiaire, de rééditer son forfait en grand. Ainsi, une tentative d'empoisonnement collectif échoue, le lundi 29 janvier, car le poison versé dans le café des détenus ne leur cause qu'une intoxication sans conséquences majeures. Une autre fois, les prisonniers découvrent du verre pilé dans le couscous qui leur avait été servi. Enfin, le 5 mars, à la veille de l'Aïd-el-fitr, un attentat à l'explosif était commis par l'OAS au sein de la prison.
Deux fourgonnettes Citroën bourrées d'explosifs sont introduites avec la complicité du personnel pénitentiaire. Leu explosion provoque la mort de Menaouer Nedder de Relizane, et Dahou Mohamed de Mascara. Notre interlocuteur a dressé également, une brève biographie des 4 martyrs enlevés le 13 janvier. “Ils sont d'origines diverses, issus de la petite classe moyenne. Ils représentent deux générations d'Algériens. Le plus âgé d'entre eux avait 56 ans et le plus jeune, 30 ans. L'aîné, Frih Ahmed est né en 1906 à douar El Gaâda, commune de Saint Lucien (actuelle Zahana). Lettré en arabe, de formation coranique. Il est commerçant et père de 3 enfants. Il est arrêté une première fois en 1959 mais il est vite libéré car il réussit à tromper ses tortionnaires en minimisant son rôle dans l'organisation FLN. Il sera arrêté de nouveau et condamné à la réclusion et aux travaux forcés à perpétuité. Le cadet est Guerrab Houari, né le 14 novembre 1930 à Oran. Célibataire et demeurant à Sidi-El-Houari, il est journalier. Chef d'un groupe de fidayîn, il est l'auteur de plusieurs attentats. Il est arrêté en 1961 et condamné à mort. Les deux autres martyrs sont d'anciens responsables de l'organisation FLN dans leurs villes respectives, devenus officiers de l'ALN, après avoir rejoint le maquis. Hamdani Adda dit Si Othmane, est né le 26 avril 1926 à Tiaret. Titulaire du CEP, sportif accompli, il exploite un moulin à façon hérité de son père. Il adhère à l'organisation du FLN et en deviendra un des responsables. En juillet 1957, il rejoint le maquis et est promu au grade de sous-lieutenant en avril 1959. Désigné à la tête de la 1ère région de la zone 7 de la wilaya V, il la dirigera jusqu'à son arrestation, le 4 décembre 1959, dans la région de Oued-Lilli. Il est jugé et condamné à mort. Le second officier assassiné n'est autre que Aoued Bendjebbar, dit Si Sabri. Né le 1er février 1927 à Saïda, son père revient à Relizane, sa région d'origine, en 1929. Titulaire du CEP en 1940, il est contraint d'abandonner ses études en classe de 3e, afin d'aider sa mère, à subvenir aux besoins de la famille, suite au décès de son père. D'abord, il sera commis aux écritures par le primeuriste Pierre Cabréra puis par Saragossa, exportateur de primeurs à Relizane, avant d'obtenir un emploi d'agent de constatation des contributions. Il se marie en 1949 et devient père de 3 enfants. La lutte de libération déclenchée, Bendjebbar, impatient d'y participer est en quête de contacts avec l'organisation FLN. C'est l'avocat Belabbès M'hamed, chef de secteur autonome de Relizane qui le recrutera en septembre 1957 et lui confiera la responsabilité militaire de ce secteur. Il utilise pour la première fois des bombes à retardement à Relizane, en octobre 1957 et tiendra en haleine, pendant de longs mois, les forces de sécurité françaises. Promu le 15 août 1958, chef de la 5e région de la zone 4, il est désigné au début de l'année 1959 à la tête du secteur autonome d'Oran. Dénoncé, il n'a pas le temps de rejoindre son nouveau poste de combat puisqu'il tombe dans un guet-apens tendu par l'armée française, dans la soirée du mercredi 11 février 1959, au moment où il rejoignait sa cache située dans la pépinière de Clinchant (actuel El-Matmar). Torturé, il est condamné à mort le 28 avril 1961”. L'historien conclut en émettant le souhait qu'une stèle commémorative soit érigée à Canastel afin de perpétuer le souvenir du martyre subi par les 4 patriotes.


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