En termes de perspectives à moyen terme, l'équivalent de 60 milliards de dollars sera engagé dans le secteur des hydrocarbures et 30 milliards dans l'électricité et le gaz. Youcef Yousfi, le ministre de l'énergie et des Mines a insisté, lors de sa présentation hier des perspectives du secteur au forum d'El Moudjahid, sur la lutte contre la corruption que comptent mener énergiquement les autorités du secteur. “Nous allons renforcer les contrôles sur les activités de Sonatrach pour mettre fin à la corruption et à la dilapidation des deniers publics au sein de la compagnie”, a-t-il martelé. En clair, les instruments de contrôle tel que l'audit seront renforcés aussi bien au niveau de Sonatrach qu'au sein du ministère de l'énergie et des Mines. Ces actions figurent parmi le dispositif anti corruption mis en place récemment pour prévenir un nouveau scandale Sonatrach. Le code d'éthique et l'application de procédures de passation de marché similaires à celles de l'OCDE permettant de stopper au départ les tentatives de corruption, de surfacturation ou de violation de la réglementation tels que les délits d'initiés complètent, rappelons-le cet arsenal. En réponse à une question sur le sujet, le ministre a affirmé sur un ton serein : “Il y a peut-être des cas de corruption à Sonatrach. Vous pouvez dénoncer des cas de corruption. Il y a toute une structure au ministère chargée de traiter les lettres de dénonciation”. Par ailleurs, une bonne partie de sa présentation des perspectives à court, moyen, et long terme du secteur a été centrée sur les énergies renouvelables. Le nouveau programme de développement de ces énergies alternatives aux ressources fossiles sera lancé au courant du premier trimestre 2011, a-t-il indiqué. Il sera présenté prochainement au gouvernement. L'objectif est de produire 40% de son électricité à partir des énergies renouvelables. Il s'agit de produire 2 600 MW dont 1 000 MW seront exportés dans une première phase. Ce plan prévoit la création à terme de 200 000 emplois dont une moitié dans la production nationale, l'autre moitié à l'exportation dans ce nouveau segment d'activité à même d'assurer le développement durable du pays. Il porte sur 65 projets dans une première phase. Concernant le financement de ce programme, l'état prendra en charge la partie inhérente à la satisfaction des besoins internes, alors que les projets destinés à l'exportation seront financés par l'apport des partenaires et des entreprises locales impliquées. Sur la position de l'Algérie par rapport aux projets Desertec et celui de l'Union pour la Méditerranée, le ministre a de nouveau affirmé que l'Algérie est prête à discuter de tous ces projets avec tous ses partenaires sans exception. “Nous voulons contribuer à approvisionner l'Europe en énergie et nous sommes ouverts à toute proposition”, a-t-il ajouté. Mais l'Algérie ne servira pas de cobaye, a souligné le ministre. Elle utilisera des technologies éprouvées, fiables en matière d'énergies renouvelables. Le marché des énergies renouvelables est ouvert aux entreprises privées locales qui peuvent s'associer à Sonelgaz dans des projets de développement des énergies renouvelables. L'Algérie n'a pas abandonné l'option du nucléaire, a-t-il laissé entendre. “L'Algérie s'est fixée un objectif de construire la première centrale dans un délai de 10 à 15 ans” , a rappelé le ministre. Youcef Yousfi a également indiqué que 4 200 milliards seront investis dans le secteur des hydrocarbures au cours des cinq prochaines années, soit l'équivalent de 60 milliards de dollars. “ 57% de ce montant seront alloués aux activités d'exploration-production”. Ce programme prévoit une forte expansion de l'activité exploration afin d'accroître les réserves du pays et optimiser l'exploitation des gisements. On vise à doubler l'effort d'exploration au cours des prochaines années. Il est prévu, en 2011, d'accroître le nombre de puits d'exploration de plus de 40%. Concernant l'énergie électrique, le groupe Sonelgaz investira 30 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, ce qui permettra de porter la capacité de production à 15 000 MW, contre 10 400 MW en 2010, a-t-il ajouté. Avec la fin de ce programme, le taux d'électrification sera porté à 98% et celui de la gazéification à 53%, soit un niveau parmi les plus importants au monde. Un million de foyers supplémentaires seront raccordés aux réseaux gaz au cours de cette période. Pas d'augmentation des prix de l'électricité Le ministre a également indiqué que l'état ne compte pas augmenter les prix de l'électricité en 2011. Les pouvoirs publics continueront à soutenir Sonelgaz dans la réalisation de ses investissements. “Nous n'avons strictement aucune intention de réviser le prix de l'électricité ni celui du gaz livré à Sonelgaz”, a-t-il souligné notant que l'état a pris en charge le différentiel entre le prix réel du gaz sur le marché et de celui cédé à Sonelgaz pour approvisionner le marché interne. En réponse aux questions des journalistes, il a indiqué, en outre, que le projet de réalisation de la nouvelle ville n'est pas abandonné. Les appels d'offres relatifs aux études seront prochainement lancés. Quant à l'intention de BP de céder ses actifs en Algérie, le ministre a répondu que le dossier est à l'étude à Sonatrach. Il n'a pas exclu une éventuelle reprise de ces actifs par Sonatrach au titre de son droit de préemption. Enfin, cette présentation a laissé l'auditoire sur sa faim. En particulier, un silence sur une éventuelle révision de la stratégie de Sonatrach en vue de dynamiser particulièrement son développement à l'international.