Le retour précipité en Algérie de l'arbitre international Mohamed Benouza jeudi dernier de la 15e édition de l'Asian Cup, qui se déroule en ce moment au Qatar, n'a absolument rien à avoir avec la maladie des yeux (conjonctivite), comme le fait croire l'intéressé à certains de ses proches. Il s'agit tout simplement d'un renvoi pour insuffisances techniques que notre international ne veut pas assumer. La maladie qu'il a évoquée dès son retour au pays n'a en fait touché que le second juge assistant M. Abdelhak Etchiali, qui a été d'ailleurs prié par les organisateurs de rentrer chez lui en Algérie, le 13 janvier, par crainte de contagion parmi ses collègues arbitres. M. Etchiali a transmis, dès son retour, un dossier médical complet à la commission médicale de la FAF, ce qui n'est pas le cas pour Benouza et l'autre juge assistant, Mohamed Amine Meknous. Si réellement nos deux arbitres étaient atteints par cette maladie, pourquoi n'ont-ils pas transmis leur dossier médical comme l'a fait M. Abdelhak Etchiali ? Pourquoi la commission d'arbitrage de l'Asian-Cup aurait-elle pu, dès lors, désigner M. Benouza comme 4e arbitre le 13 janvier pour le match Syrie-Japon du groupe B et le 15 janvier pour la rencontre Iran-Corée du Nord du groupe C, et a aussi désigné M. Amine Meknous comme 5e arbitre remplaçant le 13 janvier du match Syrie-Japon du groupe B ? Donc, tous les arguments et justificatifs présentés par notre international tombent à l'eau. Ceux qui ont vu à travers le petit écran les matches de cette compétition ont dû remarquer les belles prestations des arbitres qui, faut-il le remarquer, ont fait un énorme progrès, contrairement à ceux de la CAF qui n'ont plus la cote au niveau international ces dernières années. La preuve, lors de la dernière Coupe du monde organisée sur le sol de la CAF, les quatre arbitres africains ont été écartés dès le premier tour, à l'exception du Sud-Africain M. Jérôme Damon, maintenu pour des raisons évidentes. La suspension d'Amadou Diakité, patron de l'arbitrage de la CAF, par la FIFA, pour corruption, illustre parfaitement le malaise profond qui gangrène l'arbitrage africain. Notons que M. Diakité a été élu au sein du comité exécutif de la CAF en janvier 2004 à Tunis, succédant ainsi au Somalien M. Ado Farah à la commission d'arbitrage, durant les six années sous le règne de M. Diakité, l'arbitrage africain a connu une très nette régression, et de nombreux scandales de corruption, et ce en l'absence d'une stratégie de développement fiable. L'Afrique n'arrive plus à former des arbitres intègres, en raison du copinage et du marchandage des désignations d'arbitres, devenus la principale préoccupation de cette commission, “qui a clochardisé l'arbitrage africain”, comme nous l'a révélé un membre influent du comité exécutif de la CAF lors de notre présence à la CAN en Angola. Le départ du Malien libère quelque peu cette commission de certains lobbies qui ont pris l'arbitrage en otage, en servant leurs propres intérêts. Le but inscrit d'une main flagrante par Michaël Eneramo lors de la demi-finale à Tunis en Ligue des champions face au Ahly du Caire, validé par le Ghanéen M. Lampty, est la parfaite illustration de la faiblesse de l'arbitrage africain sous le règne de Diakité qui part en laissant une situation des plus catastrophiques. Hayatou compte remettre de l'ordre dans ce corps au Soudan lors du CHAN. La commission sera confiée à M. Suketu Patel (Seychelles) qui jouit d'une totale confiance des autres membres. Benouza qui a déjà été écarté de la Coupe du monde 2010, en raison de l'échec de l'un de ses juges au test Cooper, se voit de nouveau prié de quitter un tournoi de très haut niveau. “Benouza traverse une mauvaise période, il doit au préalable travailler beaucoup pour retrouver sa forme, c'est un arbitre qui pouvait donner mieux, mais je ne sais pas ce qui lui arrive, il doit se remettre en cause et retrousser les manches pour reprendre son niveau, sinon, il risque de compromettre sa carrière. Le fait qu'il ne dirige aucun match en Asie est très dur à avaler. Je n'ai pas compris comment se fait-il qu'il va jusqu'à Doha lieu de cette phase finale pour retourner bredouille, c'est un échec total pour l'arbitrage africain, mais aussi algérien. Je voudrais bien connaître les tenants et les aboutissants de cette histoire, car je n'arrive pas à comprendre pourquoi on choisit un trio algérien pour aller en phase finale de l'Asian-Cup, pour les renvoyer sans diriger la moindre rencontre, il y a anguille sous roche, Benouza devra s'expliquer sur cet échec, et la FAF doit se pencher sur cas gravissime”, nous affirme une source très au fait des affaires de l'arbitrage. C'est la première fois qu'un arbitre africain est invité à cette compétition et ne dirige aucun match. En 2007, l'Asian-Cup, organisée en Indonésie, a vu la participation de l'arbitre seychellois M. Eddy Maillet qui avait arbitré le fameux match Algérie-Egypte, le 18 novembre 2009 à Oum-Dourman. Il avait officié deux matchs et a été accrédité de bonnes notes par les organisateurs asiatiques. En 2003 au Japon, le Béninois M. Coffi Kodjia a fait de même, en laissant une bonne impression à l'Asian-Cup ; même le Saoudien M. Khalil El Ghamdi, qui avait été invité par la CAF en Angola pour la CAN 2010, avait lui aussi officié deux matches. La mise à l'écart de Benouza lors de ce tournoi final restera une tache noire pour l'arbitrage africain et algérien. La FAF, par le bais de la commission fédérale d'arbitrage (CFA), que préside M. Belaïd Lacarne, aura du mal à expliquer un tel échec. “Dans ses moments difficiles qu'il traverse, il a besoin d'être mis en confiance et nécessite un grand travail de fond, notamment sur le plan psychologique, car sans l'amélioration de ce volet, il ne peut en aucun cas retrouver sa forme et sa lucidité. Je vous le dis sincèrement, je me demande qu'est-ce qui lui arrive, pourquoi il n'arrive plus à s'imposer, je veux bien connaître les raisons de ses multiples échecs”, ajoute la même source. Benouza, 39 ans, a été promu au grade d'international en 2002 par Belaïd Lacarne et a pris part à plusieurs phases finales, dont la dernière CAN 2010 en Angola.