La contestation sociale est maintenue dans la rue. À Tizi Ouzou, la Coordination locale des étudiants (CLE) de l'université Mouloud-Mammeri prévoit d'organiser une marche populaire le mardi 1er février. La CLE, une entité peuplée de comités estudiantins autonomes, appelle, dans un communiqué rendu public avant-hier, la communauté universitaire, la société civile et les forces politiques de l'opposition démocratique à se joindre à l'action des étudiants, dont l'objectif est double : dénoncer les difficiles conditions sociopédagogiques au sein des facultés et condamner le pouvoir liberticide. Faisant un constat peu reluisant de la situation prévalant à l'université, la CLE estime que les pouvoirs publics lancent des réformes sans prendre le soin de réunir les conditions y afférentes pour assurer performance et réussite. L'allusion est claire : les étudiants veulent dénoncer le nouveau système LMD qualifié de réforme “parachutée, imposée unilatéralement et appliquée dans une opacité absolue”. “À ce jour, les textes déterminant le passage de l'ancien système vers le nouveau ne sont ni clairs ni mis en application”, rappelle la CLE qui dénonce cet état de fait “exacerbé par une transition caractérisée par le gel de la postgraduation et la suppression du Certificat d'aptitude à la profession d'avocat (CAPA)”. Les étudiants demandent ainsi le maintien du système classique. L'amélioration des conditions sociales dans les cités U figure également parmi les revendications estudiantines. Cette situation des plus désastreuses est le résultat de l'incurie du pouvoir, note la CLE. L'occasion pour les étudiants syndicalistes de tomber à bras raccourcis sur le pouvoir accusé, non seulement de ruiner l'université, mais surtout de verrouiller le champ politique et médiatique, de bâillonner l'opposition démocratique et d'empêcher toute manifestation pacifique. Pour la CLE, les dirigeants algériens “instrumentalisent l'insécurité et érigent la corruption en mode de gestion”. Des pratiques dont l'objectif est le détournement de la richesse nationale. C'est pour toutes ces raisons que les étudiants comptent occuper la rue et exprimer leur ras-le-bol. “La récente révolte qui a secoué le pays est l'expression d'un ras-le-bol généralisé d'une société en quête d'un changement dans l'honneur et la dignité”, considèrent encore les membres de la CLE. Ces derniers déplorent, par ailleurs, la dégradation de la situation sécuritaire en Kabylie. La recrudescence des kidnappings réduit à néant les chances d'un développement socioéconomique harmonieux, avertit la CLE. Tout en dénonçant le blocage économique de la région de Kabylie, la CLE condamne l'attitude du pouvoir qui répond aux citoyens par l'intimidation et la matraque. Elle exige la libération “immédiate et inconditionnelle” des détenus interpellés lors des derniers événements. “La Révolution du jasmin” chez notre voisin de l'Est n'a pas laissé indifférents les étudiants de Tizi Ouzou. Ceux-ci apportent leur soutien au peuple tunisien qui luttent “héroïquement” contre la dictature de Ben Ali.