Des représentants d'associations de jeunes, d'étudiants, chômeurs et internautes proposent de reprendre les mêmes slogans qui ont été scandés en Tunisie et en Egypte à l'occasion de cette manifestation. La Coordination nationale pour le changement et la démocratie a tenu hier sa deuxième réunion à la Maison des syndicats à Dar El-Beida (Alger). Ligue des droits de l'Homme (LADDH), partis politiques, syndicats autonomes et diverses associations de la société civile se sont rencontrées afin d'engager une dynamique de mobilisation visant à reconquérir “les espaces publics que le pouvoir a confisqués”. la LADDH, les partis politique (RCD, PST, PLG, PLD, MDS et CCDR), les syndicats autonomes (CLA, Satef, Cnapest, Cnes, Snapap) ainsi que plusieurs associations parmi lesquelles, Amnesty internationale (Alger), RAJ, SOS disparus, des représentants des étudiants, des femmes, des chômeurs ont confirmé leur adhésion à une marche pacifique à Alger. Le mouvement citoyen de Kabylie est représenté par des délégués de Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira. On aura remarqué aussi la présence d'un représentant du Comité national pour la liberté de la presse (CNLP) mis en place mercredi dernier et ayant lancé un appel-pétition le jour même. Malgré le ton très critique et en dépit des rares divergences sur les moyens à mettre en place pour atteindre les objectifs fixés, les participants sont arrivés au bout d'une demi-journée de débats à arrêter la date du 12 février, alors qu'elle était initialement prévue pour le 9 février, date correspondant à une journée de travail. La question d'introduire ou pas une demande d'autorisation de la marche au ministère de l'intérieur a été également discutée. Les participants ont, à l'unanimité, approuvé la proposition de M. Ali Yahia Abdenour, président d'honneur de la LADDH, à la suite de débats et d'interventions enflammés. Dans une tentative de tempérer les plus enthousiastes, il dira que “même si notre demande est refusée notre marche pacifique sera maintenue. À travers ce refus d'autorisation nous démontrerons à l'opinion publique et internationale la vraie nature de ce régime”. Prenant la parole tour à tour, les représentants des différentes organisations n'ont pas ménagé le régime en place, demandant son départ et l'instauration d'une vraie démocratie. Les représentants des étudiants et des jeunes – venus en force – ont expliqué qu'il n'existait pas de signes montrant que le régime voudrait un quelconque changement. “Le moment est venu pour réclamer haut et fort la levée de l'état d'urgence, l'ouverture du champ politique et le changement de régime”, ont-ils exigé. Même ton chez le collectif Algérie pacifiste, un groupe de jeunes qui active sur internet et qui mobilise pour des marches. Son représentant dira : “Dans la situation actuelle, on ne peut pas dissocier les revendications sociales des revendications démocratiques, si on veut arriver à un changement radical du système.” Les partis politiques, sans exception, ont appelé “à travailler main dans la main” pour arriver à la levée de l'état d'urgence et se réapproprier les espaces publics que le pouvoir a confisqués par la force. Me Fetta Sadat d'Amnesty internationale (Alger) a proposé également d'ajouter la revendication du changement de système dans la plateforme de la coordination. “Il faut réellement approfondir nos revendications car si on se contente de la levée de l'état d'urgence et un changement politique, le régime pourra procéder à des changements superficiels rien que pour nous faire taire. D'ailleurs, aujourd'hui, ils ont procédé à la libération de tous les manifestants interpellés lors des dernières émeutes. Nous voulons le départ de ce régime non du replâtrage”, a-t-elle insisté. Une intervention qui a été saluée par les jeunes qui proposent de reprendre carrément les slogans des tunisiens adoptés, aussi, par les égyptiens. Ils proposent aussi d'utiliser la formule de “système dégage” car ce terme, qui est devenu international, est valable également pour l'Algérie. Interrogé sur l'éventuel remaniement de gouvernement et la suite de la revendication de la coordination, Me Bouchachi de la LADDH a déclaré que “même si le gouvernement a concrétisé une de nos revendications – qui est la libération des manifestants –, nous poursuivrons notre lutte pour la levée de l'état d'urgence et l'ouverture du champ politique. Nous ne voulons pas un changement au sein du régime mais le changement de régime”. À la fin d'une matinée de débats, un consensus s'est dégagé autour de la création d'un comité qui préparera les slogans de la marche pacifique qui se déroulera à Alger le 12 février prochain. La coordination appelle le peuple algérien à participer massivement à cette action.