Après le refus, le bras de fer. L'administration, du moins celle de la wilaya d'Alger, a décidé d'engager un bras de fer avec le Rassemblement pour la culture (RCD) et la démocratie qui maintient sa marche pour aujourd'hui malgré l'interdiction des autorités. Dans un communiqué rendu public jeudi soir, la wilaya d'Alger demande aux citoyens «de faire preuve de sagesse et de vigilance, et de ne pas répondre à d'éventuelles provocations destinées à porter atteinte à leur tranquillité, leur quiétude et à leur sérénité». Pis, le document de l'administration, repris par l'APS, rappelle que «les marches à Alger ne sont pas autorisées», et que «tout rassemblement sur la voie publique est considéré comme une atteinte à l'ordre public».Ce qui est étrange dans ce document, c'est l'appellation d'«association à caractère politique», alors que toutes les lois désignent clairement «parti politique». Surtout s'agissant d'une formation politique identifiée et légale.C'est cette légalité qu'a joué le Rassemblement pour la culture et la démocratie dans un communiqué rendu public hier. «L'association à caractère politique» à laquelle font allusion la radio et la télévision nationales porte un nom. Elle s'appelle le Rassemblement pour la culture et la démocratie qui est un parti politique légal, dont «les militants et les sympathisants ont payé, comme beaucoup d'Algériens, un lourd tribut pour voir nos concitoyens vivre dans la liberté et la dignité dans leur pays», écrit le parti de Saïd Sadi dans son communiqué. Du coup, le Rassemblement pour la culture et la démocratie a décidé de maintenir sa marche, malgré l'interdiction. «La demande d'autorisation déposée dans les temps et selon les règles ayant été refusée sans la moindre explication alors que des manifestations initiées par les clientèles du pouvoir ont été autorisées, nous décidons de refuser le régime des deux collèges, de sinistre mémoire dans notre pays, et de maintenir la marche populaire du 22 janvier. C'est le droit et le devoir de tous les patriotes d'agir par tous les moyens pacifiques pour honorer les martyrs d'hier et d'aujourd'hui qui se sont sacrifiés pour une Algérie démocratique et sociale plus menacée que jamais», précise le parti dans son document. Les autorités de la wilaya d'Alger ne semblent pas être les seules «adversaires» du RCD dans cette initiative. Le parti du Dr Sadi accuse le Rassemblement national démocratique (RND) de vouloir «parasiter» la marche d'aujourd'hui. La même accusation est portée contre l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). C'est surtout l'un des dirigeants de la Centrale syndicale, Salah Djenouhat, qui est visé. Selon le RCD, l'UGTA a mobilisé «des groupes de miliciens pour protéger les privilégiés de la rente». Il accuse Salah Djenouhat, numéro deux de l'UGTA, d'avoir payé «onze délinquants de Sidi M'hamed pour les inciter à provoquer la marche populaire du 22 janvier». La Centrale syndicale a réagi à ces accusations dans un communiqué rendu public hier. «Ces propos dénués de tout fondement sont d'une extrême gravité et dénotent le manque d'éthique, l'inconscience de leurs auteurs qui font preuve […] de leur inconsistance politique et de leur ignorance du réel national», indique une déclaration signée par Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA.Le Rassemblement pour la culture et la démocratie, qui compte 19 députés à l'Assemblée populaire nationale, avait introduit, la semaine dernière, une demande d'autorisation pour une marche qui devait se dérouler mardi passé. Les autorités de la wilaya d'Alger ont refusé de donner leur accord. Après une réunion de son conseil national, le RCD a décidé de maintenir la marche pour aujourd'hui 22 janvier. Depuis le 14 juin 2001, aucune marche n'a été autorisée à Alger. Des manifestations, portant notamment sur la dénonciation de l'agression contre Ghaza, avaient cependant été tolérées, sous la pression de la rue. A. B.