Le procureur général avait requis des peines de six mois et deux ans fermes et 20 000 DA d'amende à l'encontre des émeutiers. Les peines de deux ans fermes prononcées en première instance contre 20 émeutiers de la localité de Benmerzouga ont été réduites à des peines en sursis, alors que d'autres accusés ont été carrément acquittés. Ainsi le tribunal a condamné 12 émeutiers à huit mois de prison ave sursis, un autre à six mois avec sursis, alors que les dix autres ont tous été acquittés. Tel est le verdict de ce procès qualifié de “procès de tous les dangers” prononcé hier par le tribunal de Boumerdès. Celui-ci n'a pas suivi le réquisitoire du procureur général qui avait durci les peines de 6 mois et 2 ans fermes et 20 000 DA d'amende déjà prononcés le mois dernier par le tribunal de Boudouaou à l'encontre des émeutiers. Le verdict a été accueilli avec un grand soulagement par les dizaines de citoyens qui n'ont pas hésité à manifester leur joie en organisant une fête spontanée en plein centre-ville de Boumerdès. Les 23 accusés arrêtées au lendemain des émeutes qu'a connues la localité de Benmerzouga au mois d'octobre 2010 étaient poursuivis pour “dégradation de biens publics, coups et blessures volontaires et troubles à l'ordre public”. Lors de ce procès, qui a drainé de nombreux citoyens venus essentiellement de la localité de Benmerzouga, les accusés ont nié les faits qui leur sont reprochés, notamment le fait d'avoir blessé 22 gendarmes dont plusieurs étaient présents dans la salle. Certains accusés ont affirmé qu'ils étaient de passage dans la localité lorsqu'ils ont été interpellés par les gendarmes et embarqués dans des fourgons. D'autres ont nié être les auteurs des jets de pierres ayant entraîné des blessures aux éléments des forces de l'ordre. Le procureur, qui a exhibé les certificats médicaux délivrés par les médecins légistes, a chargé tous les accusés, y compris ceux qui avaient été déjà acquittés avant de demander le durcissement des peines. Les avocats de la défense, qui se sont présentés à la barre, ont axé leurs plaidoiries sur la non-identification formelle de leurs clients, lors de ces émeutes, par les victimes et par les témoins comme ils ont rendu les autorités locales responsables de cette situation. Pour un avocat, ce sont les autorités qui sont à l'origine de ces émeutes en refusant le dialogue avec les citoyens qui n'ont demandé qu'un droit élémentaire, celui de raccorder leur localité en gaz naturel, dira-t-il. “C'est insensé qu'un problème social se transforme en une affaire pénale”, avait affirmé un avocat tout en s'interrogeant sur l'attitude des autorités et des administrations concernées qui n'ont rien fait, selon lui, pour achever un projet qui était à l'arrêt depuis deux ans. “Ces citoyens que vous jugez ont payé de leur poche leur raccordement alors que cette opération relève de l'Etat”, avait-il lancé à l'endroit des juges.