Beau retournement de situations dans le pays qui se proclame centre de gravité de la démocratie. Les Français qui n'étaient pas satisfaits de leur président, se méfient de leurs élus. Selon le baromètre annuel du Centre d'études de la vie politique (Cevipof), cette défiance à l'égard du pouvoir n'est pas nouvelle mais touche dorénavant les élus locaux. La défiance en politique des Français s'accentue : 83% d'entre eux, la majorité considèrent que les responsables politiques “ne se préoccupent pas de ce qu'ils pensent”. Plus de la moitié (56%) n'ont confiance ni dans la gauche ni dans la droite pour gouverner le pays. Le “filet de protection contre la crise et les menaces du monde”, mis en avant par la gauche lors des élections locales, avait montré ses limites. Malgré cette défiance, les Français conservent tout de même un intérêt élevé pour la politique. Une grosse majorité d'entre eux continuent de penser que c'est par le vote qu'ils peuvent “exercer le plus d'influence sur les décisions politiques”. Autrement dit, “ils restent attachés aux outils de la démocratie représentative”. À l'inverse, l'échec des mouvements sociaux contre la réforme des retraites a augmenté leur scepticisme quant à l'efficacité des manifestations et des grèves. Du coup, les syndicats subissent la même crise de confiance que les partis politiques. Alors se demandent les sondeurs à qui profitera le désarroi français ambiant ? Personne ne peut le dire. La seule indication est que lorsqu'il n'entraîne pas un désintérêt pour la politique, le mécontentement nourrit le vote protestataire. Si cette piste se révèle juste, Marine le Pen a un boulevard devant elle. Surprise ! Les Français ont le sourire : 84% des sondés se disent “heureux”. Ils sont plutôt “optimistes” quant à leur avenir et contents de leur travail : 70% ont l'impression de faire quelque chose d'utile. Pourtant, les Français restent préoccupés et moroses. La “lassitude” a gagné huit points en un an. Elle touche désormais plus d'un tiers des Français qui sont gagnés par l'angoisse lorsqu'ils regardent le monde en crise. La peur de la mondialisation entraîne un repli sur soi : 40% des Français pensent que “la France doit se protéger davantage du monde” (+10 % en un an). 59% disent qu'il y a “trop d'immigrés” (+10%). La montée des peurs est forte chez les 25-35 ans. Encore des primes pour la fille Le Pen qui vient de succéder à son père.