Pour la Coordination, les annonces du président de la République ne sont qu'une “manœuvre désespérée d'un régime qui veut se maintenir au pouvoir”. L'annonce du chef de l'état de lever “dans un très proche avenir” l'état d'urgence et permettre aux partis politiques de l'opposition un plus grand accès aux médias lourds a semé une certaine confusion au sein de Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Afin de lever toute équivoque, celle-ci s'est réunie, hier, à la Maison des syndicats de Dar El-Beïda à Alger, pour discuter des dernières annonces du premier magistrat du pays. La réunion du comité technique, prévue il y a quelques jours, s'est vite transformée en débat politique. Pour les membres de la Coordination nationale pour le changement (partis politiques, ONG et associations), les annonces du président de la République ne sont qu'une “manœuvre désespérée d'un régime qui veut se maintenir au pouvoir”. Et par conséquent, pas de changement par rapport à la marche du 12 février. “Afin de lever toute équivoque, la marche du 12 février prochain est maintenue et nous appelons le peuple à une grande mobilisation dans toutes les wilayas”, ont déclaré les participants, rappelant que le départ de la manifestation se fera à 11h, départ de la place du 1er-Mai vers la place des Martyrs. Décryptant les déclarations du chef de l'Etat, tour à tour, les membres de la coordination ont expliqué — à leur manière —, le but de la “manœuvre”. Ils estiment que l'objectif de cette annonce est d'absorber la colère de la population qui réclame le changement du régime politique en place depuis des années. “Comme à son habitude, le système va cultiver l'illusion du changement allant jusqu'à promettre la levée de l'état d'urgence, un plus grand accès aux médias lourds, des logements… Cela signifie simplement que le pouvoir agit sous l'effet de la peur et de la colère de la rue qui le poussent à faire des réformes pour se maintenir et entraver la dynamique de la société”, a expliqué la représentante d'Amnesty International (filiale à Alger) Fetta Sadat. Abondant dans le même sens, le représentant du collectif des clients spoliés d'El-Khalifa Bank a déclaré : “Comme preuve que le pouvoir s'est inscrit dans une démarche de manœuvre d'apaisement, le collectif a reçu un courrier de la part du liquidateur les informant qu'un acompte de 5% leur sera versé, une décision que nous rejetons d'avance,” a-t-il averti. Les personnes présentes à la réunion sont convaincues qu'il n'existe pas une réelle volonté de changement car, “au lieu de faire des promesses, un simple décret du chef de l'Etat aurait suffi pour lever l'état d'urgence établi depuis 19 ans”. Le fait qu'Alger ne sera pas concernée par la levée de l'état d'urgence est considéré comme “inadmissible” par les membres de la coordination. Ces derniers estiment, par ailleurs, que la levée de l'état d'urgence n'est pas une fin en soi. “Notre objectif est de créer une dynamique populaire qui devrait aboutir au changement de régime, à l'instauration d'une réelle démocratie, à une justice sociale et la libération des champs politique et médiatique”, souligne, pour sa part, le responsable du Satef.