Week-end oblige, rares sont les hommes politiques qui se sont prononcés sur le «délestage» de l'état d'urgence annoncé par le président de la République. Quoique longtemps revendiqué par la classe politique le sujet semble avoir pris à froid la classe politique. Certainement plus intéressé par la rue égyptienne ou tunisienne que l'actualité nationale. Dans l'alliance présidentielle, seul le RND s'est prononcé par la voix de Seddik Chihed, membre du bureau politique du parti et vice président de l'APN pour qui, il est «utile de prendre cette décision», qu'il qualifiera de «geste fort» de la part de l'Etat pour «aller de l'avant». Pour le vice président de l'APN, cette mesure participera à «la levée des entraves réelles ou supposées à la liberté en général.» Pour Ali Brahimi, le remuant député, initiateur de la proposition de loi pour la levée de l'état d'urgence et un des animateurs de la marche du 12 février. « Que la marche soit autorisée ou tolérée, Alger sera ville ouverte le 12 février prochain. Et ça sera une marche pacifique». Ali Brahimi, considère que c'est indéniablement « une première victoire de la mobilisation citoyenne algérienne, mais également par contrecoup de la mobilisation de la rue arabe. Les exemples tunisiens et égyptiens sont admirés par les Algériens, autant qu'ils font peur à nos tyrans». Ali Brahimi qui a fait de la levée de l'état de siège sa raison d'être se dit fier d'avoir apporté «une pierre à cette évolution démocratique». Pour lui, toutefois, «la victoire est loin d'être acquise». Les nouveaux objectifs du député sont multiples il citera «l'autorisation de création de nouveaux partis politiques l'ouverture des listes électorales aux jeunes et aux femmes». Parlant de la coalition signataire du projet de loi abrogeant l'état d'urgence et qui regroupe 21 députés de différentes formations politiques aussi divers que le MSP, El Islah l'ANR, le FNA, des indépendants et le FLN, Ali Brahimi, qui apparait de plus en plus comme le chef de file de ce groupe soulignera :« nous maintenons notre proposition et nous appelons le gouvernement, à sa tête le président de la République à laisser, pour une fois, l'Assemblée nationale accomplir elle-même ce travail qui relève de ses prérogatives constitutionnelles de protection des libertés. » Pour le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) l'annonce du président de la République sur la levée de l'état d'urgence est qualifie de « manœuvres dangereuses ». Dans le communiqué rendu public, le jour même du conseil ministériel, le parti de Saïd Sadi souligne que « le régime engage le chef de l'Etat pour louvoyer et promettre une possible levée de l'état d'urgence avec interdiction de manifestations publiques sur Alger. Ce dernier ordonne à ses radios de solliciter l'avis des initiateurs de la marche en vue de manipuler leurs déclarations.» Parti prenante de la Coordination Nationale pour le Changement et la Démocratie (CNCD), le RCD affirme, tout comme les autres formations notamment syndicales à l'instar du Snapap et du Cla « s'en tenir à la décision retenue avec ses partenaires et maintien donc sa participation à la marche populaire le 12 février à Alger ». Pour le RCD, les membres de la CNCD ne s'accommoderont pas avec «les ruses et les tergiversations qui ont mené notre pays au désastre actuel» selon les rédacteurs du communique « L'ouverture politique et médiatique, revendiquée par les initiateurs, appelle une volonté politique claire » Le RCD appelle dans son communiqué à « la vigilance », insistant sur la nécessité de « maintenir le cap sur la voie d'un changement démocratique pacifique attendu par notre peuple depuis 1962. » A priori, il n'y a pas de clivage dans le CNCD qui, en maintenant la manifestation du 12 février prochain, veut prouver au pouvoir qu'il n'est pas arrivé à lui couper l'herbe sous les pieds. Profitant du discours qu'il prononcera à l'occasion de l'ouverture de l'année de formation politique «Ali Mecili», Karim Tabbou, premier secrétaire du FFS a estimé que cette initiative «peut être perçue comme un signal positif». Mais, a-t-il ajouté, «le projet d'élaboration d'une nouvelle loi intitulée loi de lutte antiterroriste» engendre «l'inquiétude et le soupçon». Au-delà des déclarations des uns et des autres dans le microcosme politique, un sentiment d'optimisme semble véritablement parcourir une grande majorité de personnalités et de citoyens qui voient dans ces mesures la prise en charge lucide et courageuse du président de la république Abdelaziz Bouteflika.