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Bouteflika annonce la levée prochaine de l'état d'urgence
Publié dans Le Financier le 04 - 02 - 2011

Le Président Abdelaziz Bouteflika a rompu le silence pour répondre à la grogne de la rue algérienne qui, durant plusieurs jours, s'est bruyamment manifestée. A l'occasion du Conseil des ministres de ce jeudi, Bouteflika a promis une prochaine levée de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992 et a réaffirmé le caractère social de sa politique.
Avec la levée de l'Etat d'urgence, les Algériens résilierontils de leur traumatisme ? Un dur traumatisme subi à la mi-chemin de conquérir la démocratie. A l'encontre ce qu'avait déclaré ce mercredi le vice-Premier ministre, Yazid Zerhouni, le président de la République Abdelaziz Bouteflika a annoncé ce jeudi que l'état d'urgence en vigueur depuis 1992 sera levé dans «un très proche avenir». «Pour mettre un terme à toute polémique infondée sur cette question, a-t-il affirmé, je charge le gouvernement de s'atteler sans délais, à l'élaboration de textes appropriés, qui permettront à l'Etat de poursuivre la lutte antiterroriste jusqu'à son aboutissement». Le président a tenté donc. Pour rappel, le président de la République a toujours refusé la levée de l'état d'urgence, et ce, depuis son investiture en 1999. En effet, le président Bouteflika a déclaré en juillet 1999 que l'état d'urgence en vigueur dans le pays sera levé que lorsque les conditions le permetront.
Avec la levée de l'état d'urgence, c'est toute la psychologie de la politique algérienne qui va se métamorphoser, pronostiquent des politiques. C'est un traumatisme qu'ont subi les Algériens qui étaient, jadis, enthousiastes d'accéder aux droits juridiques, sociaux, politiques ; et voilà que l'état de siège est institué en 1991, et ensuite l'état d'urgence en 1992. D'après le chef de l'Etat, rien ne va changer à l'interdiction des marches à Alger et considère, par ailleurs, que les libertés politiques sont déjà concrètes en Algérie : «s'agissant de l'organisation des marches, et hormis la wilaya d'Alger, rien ne l'entrave dans toutes les autres wilayas, pour autant que les demandes et les conditions exigées par la loi soient réunies ». Certes, la capitale fait exception dans ce domaine pour des raisons d'ordre public bien connues, et certainement pas pour y empêcher une quelconque expression », a-t-il rappelé. Et de préciser qu'«au demeurant, Alger compte plusieurs salles publiques de capacités diverses, qui sont gracieusement disponibles pour tout parti ou association en faisant légalement la demande, en vue d'y faire entendre son point de vue». Le communiqué rapportant les propos du président Bouteflika insiste sur le fait que «l'Etat d'urgence n'a, à aucun moment, entravé une activité politique pluraliste des plus riches, ni contrarié le déroulement de campagnes électorales intenses, de l'avis même des observateurs qui les ont suivies». Il faut souligner qu'il y a 20 ans, le discours du pouvoir était grandiloquent et plein d'allégresse. Après les réformes qui suivi octobre 1988, c'est la liberté et la politique réappropriées. La société a conquis son droit de faire l'histoire, de décider de son développement et de choisir ses gouvernants. Telle était la situation juridique et politique de l'Algérie à l'aube de la période qui sera appelée la décennie noire... A la société civile d'accompagner cette levée d'état d'urgence.
Accès de l'opposition à l'espace audio-visuel
Le président de la République a également promis que l'espace audio-visuel sera ouvert aux partis politiques. Est-ce que l'Algérie va revenir au code de l'information promulgué le 3 avril 1990 pour mettre fin au monopole du régime sur les médias écrits? La réponse se verra dans les semaines à venir. «S'agissant enfin de l'accès des partis politiques à la télévision et aux radios, aucune loi ou instruction ne l'ont jamais interdit à quelque formation ou association légale que ce soit. La télévision et la radio doivent donc assurer la couverture des activités de l'ensemble des partis et organisations nationales agréés, et leur ouvrir équitablement leurs canaux », lit-on dans le communiqué du conseil des ministres. «De leur côté, les partis politiques et les organisations nationales agréés devront notamment tenir compte des dispositions de la Constitution et des lois relatives aux activités politiques, car la liberté ne devra pas aboutir, dans quelque circonstance que ce soit, aux dérapages ou à l'anarchie auxquels l'Algérie a déjà versé un lourd tribut», a ajouté le chef de l'Etat.
Etat de siège, état d'urgence et le pouvoir
Il faut savoir que l'état d'urgence a été instauré devant les graves atteintes à l'ordre public et à la sécurité des personnes enregistrées au cours du mois de février 1992. Pour pallier les dangers d'aggravation de la situation, le président du Haut Comité d'Etat, feu Mohamed Boudiaf, par décret présidentiel no 92-44 du 9 février 1992, a instauré l'état d'urgence à «compter du 9 février 1992 à 20 heures pour une durée de douze mois sur l'étendue du territoire national (...). L'instauration de l'état d'urgence (...), n'interrompt pas la poursuite du processus démocratique de même que continue à être garanti l'exercice des droits et libertés fondamentaux (...) ». Le 23 février 1991 se tient la deuxième conférence nationale de la magistrature au cours de laquelle le président de la République déclare que la justice est un pouvoir séparé, indépendant et fort. C'est dans ce contexte qu'une grève insurrectionnelle est déclenchée par un parti politique dissous depuis. Une constatation toute simple s'impose. Les communications du gouvernement algérien sur l'état de siège (1991) et sur l'état d'urgence (1992) qui ont été adressées au Secrétaire Général des Nations Unies n'ont rien à voir avec l'état d'exception. Selon la Constitution algérienne, l'état d'exception est distingué de l'état d'urgence et de siège. Pour la proclamation de l'état d'exception l'article 93 de la Constitution dispose : « Lorsque le pays est menacé d'un péril imminent dans ses institutions, dans son indépendance ou dans son intégrité territoriale ». Quant à l'état de siège et l'état d'urgence il suffit seulement d'une nécessité impérieuse (article 86 de la Constitution de 1989 et articles 91 et 92 de la Constitution de 1996).


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