Zohra Drif-Bitat, vice-présidente du Conseil de la nation, a salué la récente décision du Conseil des ministres, relative à la levée prochaine de l'état d'urgence. Hier, lors de son passage à l'émission “Invité de la rédaction” de la radio Chaîne III, elle a déclaré que cette mesure est la réponse à “une demande du peuple” et aux “exigences de la société”. Selon la sénatrice, la levée de l'état d'urgence pourrait augurer “d'un changement radical dans la façon d'exercer le pouvoir chez nous et de répondre aux aspirations des jeunes”. Cela, d'autant que “le pays a changé”. Dans ce cadre, Mme Drif-Bitat a reconnu que l'état d'urgence est “limitatif des libertés, des libertés publiques et privées”, qu'il a même été manipulé par “les gouvernements successifs”. “Lever l'état d'urgence va avoir un impact positif sur le terrain, sur la vie des partis politiques et sur la société”, a-t-elle appuyé. La vice-présidente du Conseil de la nation s'est, en outre, exprimée sur les autres mesures arrêtées le 3 février dernier. Ainsi, elle s'est demandée pourquoi la crise du logement perdure et pourquoi “nous ne sommes pas arrivés à l'objectif visé”, malgré tous les programmes de construction engagés, ces dernières années, et “des sommes extraordinaires versées”. Zohra Drif-Bitat n'a pas écarté l'idée d'un échec, non sans critiquer la politique du chiffre du gouvernement. “On nous donne des chiffres, on nous dit que tant de choses ont été faites, il y a des milliards de dinars qui ont été engagés dans tel domaine… Une avalanche de chiffres qui ne me parle pas (…). Et au regard de ce qu'on engage et de ce qu'on dit être mis comme masse d'argent et les résultats, il y a une disproportion”, a-t-elle observé. L'actuelle vice-présidente du Comité exécutif de l'Union interparlementaire (UIP) s'est également demandée si les mesures nouvellement prises auront un réel impact, avec le maintien du même personnel en charge de les gérer. Refusant de “porter un jugement”, l'interviewée de la Chaîne III a, cependant, fait savoir qu'“il y a des projets fantastiques qui nous font rêver, (mais) allons-nous continuer à prendre les mêmes problèmes avec les mêmes acteurs qui n'ont pas réussi dans leurs tâches ?” Mme Drif-Bitat s'est aussi demandée si “ce personnel a évolué en même temps que la société”, en suggérant son “rajeunissement”. Sur un autre plan, l'intervenante a insisté sur le décalage entre les objectifs assignés, les moyens mis en œuvre et les réalisations, en invitant les gouvernants à “identifier ce qui ne va pas et pourquoi ça ne va pas” et à débattre “des causes”. Quant à la mesure sur “la dépénalisation de l'acte de gestion”, elle a assuré que celle-ci “va libérer les énergies et l'esprit d'initiative” dans le milieu des managers du secteur public et des responsables en charge de la promotion de l'investissement en Algérie. Par ailleurs, la vice-présidente du Conseil de la nation a abordé la question de l'ingérence étrangère, en affirmant que “l'ingérence, c'est la limite de la souveraineté d'un pays. Le moins que l'on puisse demander, c'est la liberté de souveraineté dans la décision”. Plus loin, l'intervenante déplorera que des citoyens des deuxième et troisième générations après l'Indépendance aient encore “une méconnaissance de l'histoire de leur pays”. Cette situation, d'après elle, est liée à “la question de l'enseignement”. Sur le registre de la qualité de l'enseignement, elle se demandera aussi si “le produit sorti à la fin d'un cursus a une qualité comparable à ce qui existe sur le plan international”. Enfin, l'invitée de la Chaîne III a lancé un appel destiné à marquer une halte, à l'approche du 50e anniversaire de l'Indépendance, en 2012. “Dans la vie d'une nation, 50 ans d'existence, c'est important (…). On va faire un bilan (qui) doit être fait dans la transparence. Nous en avons besoin”, a-t-elle déclaré, en insistant sur le lancement d'un débat “sur le devenir du pays”, la prise en compte de la jeunesse, une meilleure connaissance de ses problèmes et du phénomène des harragas.