Aujourd'hui, les réserves en devises de notre pays dépassent largement le stock de la dette. La Banque mondiale indique que l'Algérie a enregistré 28 milliards de dollars de réserves de changes à fin juin 2003, contre 21 milliards de dollars à fin juin 2002, soit plus de deux ans d'importations. Le matelas de devises exceptionnel, jamais atteint depuis l'indépendance, a ainsi cru de 7 milliards de dollars. Selon une source financière, les réserves de changes atteindraient actuellement 30 milliards de dollars. Ce qui est plausible, l'Algérie a enregistré en juillet et août de nouveaux excédents financiers. Les réserves en devises dépassent largement le stock de la dette. Ce qui n'était pas arrivé depuis fort longtemps. La manne étant tellement importante que les placements de ces devises rapportent actuellement gros ; annuellement, leur produit contribue à augmenter les réserves de changes. Ce stock élevé de devises garantit la viabilité financière du pays auprès des créanciers et des investisseurs étrangers. Il donne de larges marges de manœuvre aux gouvernants du pays. Pour de nombreuses années, l'Algérie n'est pas en situation de rééchelonner sa dette. Cette manne exceptionnelle donne l'image d'une grande richesse de l'Etat dans un océan de misère. Mais ces devises, nous dit-on, on ne peut y toucher, pour réduire la pauvreté ou pour payer sa dette par anticipation. C'est la contrepartie des dinars en circulation pour les importations et pour les besoins de Sonatrach. Mais, la question de leur utilisation reste lancinante. Le représentant de la Banque mondiale, M. Sarbib, a déclaré lors d'un séminaire récent à Paris, qu'il y a risque qu'elles soient “bouffées” avant que ne se tient l'élection présidentielle. En tout cas, l'appréhension demeure tant que que des garanties ne sont pas octroyées pour assurer la compétition loyale et le respect des lois de la République. Précédent : l'Algérie a bien bouffé une partie de ses réserves à la fin des années 1990. Mais, pour d'autres raisons : les prix du pétrole avaient chuté à la sortie de l'accord avec le FMI. Alors que l'un des objectifs principaux de ce programme d'ajustement était de réduire la dépendance à l'égard des cours du brut. Cinq ans après cette libération, une telle fragilité risque de faire fondre les réserves, de freiner la croissance de richesses et d'élargir les cercles de la pauvreté. N. R.