Plasticien, Abdelkader Mahboub est de ceux qui privilégient la technique picturale au sujet. Il n'a aucun secret pour les formes, les couleurs, la lumière… Mais qu'est-ce peindre si, en face, il manque des critiques d'art pour apprécier et coter ses œuvres ? Il en parle… La ville de Maghnia vient d'acquérir une galerie d'art ; vos sentiments ? Vous savez, les peintres de la ville n'ont pas cessé, depuis de longues années, de revendiquer une telle galerie. Aujourd'hui, nous en sommes fiers. C'est notre acquis, mais elle appartient à tous les artistes, tous les intellectuels. Cette structure a pu ressusciter l'activité culturelle dans notre région, si bien que d'autres talents ont été découverts. Cet espace est ouvert à tous les créateurs. D'ailleurs, depuis son ouverture, la galerie a reçu plusieurs exposants d'ici et d'ailleurs. Nous comptons faire exposer des enfants et donner une éducation artistique à toute une génération… Vous avez exposé vos travaux un peu partout, ici et à l'étranger, mais vous ne donnez pas l'impression d'être satisfait ? ! Comment l'être quand nos œuvres sont « jugées » par les galeries et non par les critiques d'arts, ces spécialistes qui évaluent et cotent les œuvres ? Savez-vous que les prix des matériaux ont été multipliés par cent ? L'Etat ne subventionne plus le matériel technique. Il n'existe pas, non plus, un marché de l'art et même les institutions étatiques n'investissent plus dans l'art. Les administrations préfèrent acheter des roses inodores en plastique que de vraies belles toiles. Pourquoi ne pas créer des musées communaux qui achèteraient des tableaux et des objets d'art ? Cela contribuerait à sauvegarder notre peinture… N'était-ce l'amour du pinceau, vous plaqueriez tout ? ! Tous les artistes ne vendent pas leurs tableaux et très peu de cette catégorie de citoyens vie de son art. Bien sûr, il y a l'amour et puis, on ne peut abandonner une vocation comme cela, mais de nos jours, l'artiste a appris à compter et à faire ses priorités : entre un mètre de toile à 1 000 DA et des produits de première nécessité pour ses enfants, le choix est vite fait. Mais, nous continuons à créer, parce que c'est une sorte de richesse et de bonheur.