“Rien n'a changé par rapport à ce qu'étaient les choses avant l'instauration du professionnalisme.” C'est par cette phrase aussi lourde de sens que riche en enseignements que l'un des responsables du Mouloudia d'Oran résumera le tableau comparatif qu'il souhaitait dresser pour évoquer la différence au niveau de la gestion financière du club avant et après le changement de statut. Que le MCO ait étrenné sa nouvelle dénomination de société sportive par action ou était resté bloqué en mode amateur, “la situation financière reste exactement la même, du moins dans la forme”. “Certes, l'APC et l'APW nous ont un peu aidés en tout début de saison. Normal, car le club avait encore son statut de CSA. Mais depuis, nous n'avons rien perçu. Et c'est forcément le président Tayeb Mehiaoui qui a mis la main à la poche pour assurer la bonne entame de saison avec tout ce que sous-entend comme premières tranches des primes de signature des joueurs, émoluments du staff technique de l'équipe première ainsi que ceux des entraîneurs des jeunes catégories, les salaires des employés et autres petites mains du club, ainsi que les frais relatifs au stage de préparation à l'étranger, qui s'est déroulé au centre sportif de Kahrama, à Casablanca, au Maroc”, précisera encore notre interlocuteur. Et justement ! Combien le président Tayeb Mehiaoui a-t-il mis sur la table ? Ou, en termes plus clairs, quel est l'apport personnel réel du premier responsable administratif du club d'El-Hamri ? À cette question, le principal intéressé a déjà répondu à l'occasion du point de presse improvisé en marge de la signature de Mohamed Amine Belkheïr. “J'ai déjà déboursé de ma poche un peu plus de trente-trois millions de dinars (3,3 milliards de centimes) et je compte bien investir encore dix autres millions de dinars (1 milliard de centimes) en actions”, avait-il ainsi révélé. Mais outre l'apport personnel de Mehiaoui qui est, jusqu'à présent, de l'ordre de presque trois milliards et demi, ce sont surtout les sponsors qui ont permis au Mouloudia d'Oran de ne pas trop souffrir sur le plan financier. L'opérateur de téléphonie mobile Nedjma comme sponsor majeur, mais aussi Ifri, Hodna, Propane et quelques autres boîtes privées ont considérablement contribué à la bonne santé financière du club, chose qui a permis à l'équipe première d'effectuer deux stages de préparation durant la longue trêve hivernale, l'un à Oran à l'hôtel Président et l'autre au Maroc, toujours au centre sportif de Kahrama, à Casablanca, chose qui n'est pas arrivée au MCO depuis fort longtemps. Mais aussi et surtout au président Mehiaoui de “clore le bec” à tout joueur qui réclamait dans la presse ses arriérés en affirmant publiquement que “tous les joueurs avaient encaissé leur argent”. “Même ceux qui n'ont joué qu'un ou deux matches depuis l'entame de la saison en cours ont perçu au moins 200 millions de centimes”, indiquera également le P-DG de la SSPA-MCO. Un panorama financier somme toute banal, pour ne pas dire typiquement amateur avec ce stéréotype d'une gestion yoyo. Mais alors, l'avènement du professionnalisme n'a-t-il réellement rien apporté au mode de gestion mouloudéen ? Visiblement, pas encore, dans la mesure où seule l'ouverture qu'on dit imminente du capital social du club aux investisseurs privés pourrait provoquer un changement d'habitudes. Tayeb Mehiaoui n'en est pas moins conscient. “Le dernier délai ayant été fixé au 10 février, le prix de l'action ainsi que la valeur réelle du patrimoine immobilier et moral du MCO seront définis après expertise. Les actionnaires auront ensuite, au cours d'une assemblée générale, le droit de choisir qui ils veulent comme président. Alors, si les actionnaires désignent un autre P-DG, cela ne me dérangerait pas pour autant dans la mesure où je continuerai à aider mon club”, avait-il tout récemment annoncé. Sachant pertinemment que l'ouverture du capital rime forcément avec avènement, non pas de mécènes, mais plutôt d'actionnaires capables d'injecter des fonds, il est fort possible de voir la cartographie financière du MCO, qui s'articule actuellement autour de Tayeb Mehiaoui, se décentraliser et, comme l'espèrent vivement les supporters du club, s'accroître et s'allonger…