Deux autres accusés algériens (le propriétaire des villas louées et le chauffeur des ressortissants africains) ont été cités dans cette affaire dont les accusés ne sont autres que des ressortissants africains originaire du Mali, du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Niger, en situation irrégulière en Algérie. Particulier est le dossier qui sera ouvert aujourd'hui au tribunal criminel près la cour d'Alger. En effet, le box des accusés s'avérera exigu et ne pourra contenir les 38 prévenus qui y seront. La particularité de ce procès n'est nullement liée au nombre de personnes qui défileront à la barre puisque les différentes institutions judiciaires sont habituées à traiter des affaires où sont impliquées autant de personnes. Ce qui retient l'attention, cependant, est le fait que cet important réseau de 38 accusés, ne compte pas moins de 36 Africains dont deux femmes en situation irrégulière en Algérie. Originaires du Mali, du Niger, du Tchad, du Nigeria et du Cameroun, ces jeunes, qui n'ont même pas la quarantaine, ont réussi non seulement à passer la frontière sans s'inquiéter outre mesure mais également à parvenir à la capitale et s'installer tranquillement et confortablement dans deux villas mitoyennes situées à Bab-Ezzouar. Pis, à violer les lois du pays en s'adonnant à tout types de trafic et de falsification de documents officiels, et ce, grâce à la complicité de deux Algériens. “Constitution de bandes de malfaiteurs, falsification de la monnaie, faux et usage de faux, immigration clandestine, imitation de cachets de l'Etat, hébergement d'étrangers sans autorisation et sans déclaration, transport de personnes sans autorisation”, sont autant de chefs d'inculpation retenus contre les 38 accusés qui défileront à la barre mercredi. L'affaire remonte au 10 juillet 2009 à la suite de renseignements fournis à la gendarmerie par “des sources crédibles”. Ces sources indiquaient qu'un Algérien, propriétaire de deux villas n°72 et n°74 sis à Bab-Ezzouar, “les louaient à des ressortissants africains de différentes nationalités qui en font une couverture pour la commercialisation et la consommation de la drogue, et la falsification de toutes sortes de documents”. Les investigations, qui ont suivi, ont vite fait de révéler que les deux habitations “étaient utilisées pour des activités criminelles”. En date du 10 juillet 2010, le procureur de la République près le tribunal d'El-Harrach a été saisi par le groupement de la gendarmerie pour un mandat de perquisition. Les découvertes des gendarmes, au niveau des deux villas, ont été des plus surprenantes pour ne plus laisser le moindre doute sur les agissements et les activités des locataires africains. Quinze faux billets en coupures de 200 euros, sept billets en coupures de 100 euros, quatre-vingt-quatre faux billets de 100 $, des coupures de papier blanc et vert en forme de billets de banque, une imprimante couleur, quatre PC portables, des produits chimiques de différentes couleurs, des passeports de ressortissants africains, microscope… Le réseau s'était même permis de falsifier quatre cachets ronds d'institutions officielles et pas des moindres : le consulat général et le consulat de la Côte-d'Ivoire situés à Hydra, l'ambassade du Mali et un cachet ovale n°6 portant la mention du poste frontalier de Bordj Badji-Mokhtar. Des pièces à conviction qui ne laissent aucun doute sur les pratiques du réseau mais qui n'ont pas pour autant persuadé les membres du réseau à reconnaître les faits qui leur sont reprochés. Lors des différentes procédures et interrogatoires, les accusés ont tous nié leur implication en déclarant n'être que des locataires et ne rien savoir sur les objets trouvés. Le propriétaire des deux habitations a, quant à lui, reconnu les avoir louées illégalement sans acte notarié en ignorant tout ce qui s'y passait. Quant au deuxième Algérien impliqué, il a reconnu être le chauffeur des ressortissants africains. La fouille de son véhicule a permis la récupération de plusieurs lots de boissons alcoolisées et une somme d'argent assez importante. Reste à savoir, enfin, si les langues des détenus africains vont se délier le jour du procès, pour d'autres révélations.