Cheikh Hadj M'rizek, de son vrai nom Chaïb Arezki, est né en 1912 à La Casbah d'Alger. Il s'est prématurément éteint à la fleur de l'âge de ses 43 printemps, le 12 février 1955 à Bologhine, d'une suite d'une pénible maladie. Ses parents sont originaires d'Azzefoun, du village de Kanis. Il avait un frère aîné Chaïb Hacène, une sœur cadette Zineb et aussi une fratrie de trois demi-frères célèbres : les Ayad, dont l'aîné Mohamed dit Kihiouedji, musicien connu influent et respecté à La Casbah, qui était son guide et son conseil, un deuxième prénommé également Mohamed dit Moh-Akli, virtuose de la percussion (tar) qui a fait partie de l'orchestre renommé du cheikh jusqu'à la mort précoce de ce dernier, et enfin le benjamin Ahmed, Rachid pour la famille et les intimes qui deviendra le grand comédien Rouiched. Excellent percussionniste (derbouka), cheikh Hadj M'rizek sera très tôt attiré par le chant hawzi et le medh auxquels il s'attachera durant sa très courte mais fulgurante ascension dans la chanson chaâbie. Avec un art légendaire, une voix cristalline, il a su créer à travers un style exceptionnel une empreinte immortelle à notre riche patrimoine lyrique, qu'il a enrichi avec la très populaire El Mouloudia qui était un véritable hymne de la résistance nationaliste chanté lors des fêtes familiales, mariages, circoncisions, à une étape cruciale de l'histoire de l'Algérie. Il pratiquait aussi les sports d'athlétisme, gymnastique et natation, pour devenir, très jeune, un adepte de la première heure des cercles de militantisme du mouvement national. Doté d'une beauté d'éphèbe, avec une mise vestimentaire d'élégance, symbolisée par son emblématique chéchia dziria qu'il affectionnait tant, il incarnait ainsi l'affirmation culturelle de la personnalité algérienne dans le contexte colonial de déculturation de l'époque. Hélas, la vie de cheikh Hadj M'rizek, disparu à la fleur de l'âge, a malheureusement été trop courte, mais avec son œuvre d'un raffinement lumineux et son parcours fécond, il demeurera à jamais un repère mémoriel pour la jeunesse et les générations futures. Ainsi, pour celui qui fut la révélation de l'âge d'or du patrimoine musical chaâbi, cette émouvante communion de pensée collective se veut être un acte fort de reconnaissance et de gratitude à l'endroit d'un symbole culturel dont l'impact est immortel à l'effet des âges et du temps. L. A.-A. (*) Président de l'Association des amis de la rampe Louni Arezki