Les étudiants se disent confiants puisque la balle est désormais dans le camp du président de la République et non de la tutelle. La Conférence nationale des chefs d'établissement universitaire, élargie aux vice-recteurs et sous-directeurs chargés des enseignements, vient de se prononcer en faveur des revendications des étudiants des grandes écoles et certaines universités du pays. Réunis jeudi dernier autour du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour débattre de la situation de crise que traversent d'innombrables universités du pays, ces responsables ont adopté une position qui pourrait faire baisser la fièvre estudiantine. “La Conférence nationale recommande l'abrogation des modifications apportées par le décret n°315 du 13 décembre 2010, dans la perspective d'une classification qui prend en compte l'ensemble des diplômes de l'enseignement supérieur”, note le communiqué du département de Rachid Harraoubia. Et d'ajouter : “La Conférence nationale recommande au ministre de l'Enseignement supérieur de soumettre ces recommandations aux hautes autorités nationales pour leur mise en œuvre dans un court délai.” Voilà une nouvelle qui ne manquera pas de faire le bonheur des milliers d'étudiants qui ont déserté leur établissement et fait le pied de grue devant la tutelle. Autrement dit, vis-à-vis de leur département de tutelle, les étudiants des grandes écoles et d'ingéniorat ont eu gain de cause. La balle est désormais dans le camp du premier magistrat du pays. Pour rappel, les modifications introduites dans le décret contesté classent les titulaires d'un bac + 5 années de formation supérieure dans la catégorie 13 de la grille indiciaire et les titulaires de mastère et magistère dans la catégorie 14. Il ne fallait pas plus pour provoquer l'ire de milliers d'étudiants de toutes les écoles du pays. Grève illimitée, rassemblement devant la tutelle, les étudiants se disaient prêts à tout pour reprendre leur classement initial à savoir la catégorie 16 pour laquelle ils ont tant sacrifié et choisi les grandes écoles. En outre, le communiqué du ministère de l'Enseignement supérieur précise que le diplôme d'ingénieur d'Etat délivré par les établissements supérieurs est toujours en vigueur. Pour ce qui est du droit des étudiants au concours de magistère, la Conférence nationale souligne que “les formations de magistère pour les diplômés de l'ancien système sont toujours maintenues jusqu'à son extinction normale”. Profitant de leur rencontre, les conférenciers ont également abordé l'élaboration des textes qui doivent régir les correspondances entre l'ancien système et le nouveau système LMD prévus par la loi d'orientation n°08-06 du 23 février 2008. Le communiqué cite notamment les articles 21 bis ; 21 bis 1 et la disposition 14. Les étudiants interpellent le Président de la République Contactés, les étudiants des grandes écoles, qui ne s'attendaient nullement à cette nouvelle tournure de la situation, ne crient pas victoire déjà. Ils préfèrent temporiser et attendre la réaction du premier magistrat du pays qu'ils interpellent pour donner son feu vert à l'abrogation des modifications du décret jugé “dévalorisant”. Certains se disent très confiants “du moment que la décision dépend du Président, je ne m'inquiète plus”, nous dit un des délégués. À un autre de préciser : “Le fait que la tutelle ait défendu notre cause, cela veut dire que nous avons parcouru la moitié du chemin. Le plus difficile, à mon sens, eu égard au mépris affiché par le ministère jusque-là.” Les étudiants, qui croisent les doigts, comptent se concerter dimanche pour décider de la suite à donner à leur action de protestation.