Les Pêcheurs de sable, le court métrage documentaire en expression amazighe, de Yazid Arab, a été projeté avant-hier à la cinémathèque d'Alger. D'une durée de vingt minutes, ce documentaire, réalisé en 2010, relate l'histoire de plusieurs chômeurs dont la seule issue pour survivre est le “vol” de sable. L'extraction de sable des oueds devient la seule ressource de revenu pour vivre. À travers ce film, le réalisateur apporte quelques témoignages sur ces jeunes qui travaillent illicitement au péril de leur santé pour subvenir à leurs besoins. Les Pêcheurs de sable a été tourné à oued Sébaou, en Kabylie. Muni seulement de sa caméra et d'une perche, Yazid Arab a pu s'introduire dans le milieu de ces cribleurs de sable. La scène se déroule au milieu d'un décor naturel resplendissant, mais, au bord du oued, une autre atmosphère règne, plutôt morose, où un bruit assourdissant envahit les lieux. La tonalité des pioches et des pelles raisonne, un soleil tapant brûle le visage de ces “pilleurs” qui continuent leur besogne sans relâche. Les jeunes sur place acceptent de paraître à visage découvert, pour raconter leur parcours. L'un des cribleurs âgé de 28 ans, en sueur et en train de piocher le sable accuse “le système”. “On vit dans une petite ville, où il n'y a pas de travail. Je vis toujours avec ma famille, on n'a aucun avenir ici. Je fais ce travail depuis que je suis enfant”, a-t-il raconté avec beaucoup d'émotion. D'ailleurs, les jeunes interrogés sur leur situation disent tous que “la misère et le chômage (nous) poussent à faire ce travail”. En outre, une chose paradoxale est soulignée dans le documentaire : “les gendarmes poursuivent ces cribleurs de sable, mais ils autorisent les camions des entreprises à se servir !” Après la projection du court métrage, un débat a eu lieu entre Yazid Arab et le public. À propos de ce phénomène qui touche plusieurs villes du pays, le réalisateur a voulu rendre hommage à ces jeunes. “C'est un travail dangereux, où ils risquent de se faire attraper à tout moment. Et c'est aberrant de voir que les camions ne risquent pas grand-chose”, a signalé le réalisateur. Concernant l'ampleur de ce sujet, le choix des vingt minutes était suffisant, car “je voulais parler de ces cribleurs, de la manière dont ils creusent et cachent leurs outils, et pourquoi ce vol.” “Je voulais seulement démontrer les conditions de vie de ces jeunes”, a-t-il ajouté. En Les Pêcheurs de sable a été projeté à la cinémathèque d'Oran, à la cinémathèque de Rouen, à la mairie de Paris et participera à la prochaine édition du Festival national du film amazigh, prévu à la fin du mois de mars.