L'émergence même de ces mouvements, structurés ou non, qui prennent naissance dans les universités algériennes, est l'une des expressions d'un malaise national qui, à la base, est de nature politique. Eparse, multiforme et multisectorielle, la contestation sociale s'amplifie et n'épargne quasiment aucun pan de la vie publique. Fait remarquable, ni les dernières mesures du gouvernement ni la remise en cause de ses décisions antérieures, assumée au prix de revirements spectaculaires, n'ont pu inverser cette tendance à la généralisation de la protesta. Chaque jour que Dieu fait, grèves, sit-in et autres actions s'étendent à de nouveaux espaces économiques, sociaux ou culturels. L'expansion de la colère tend même à prendre une dimension nationale puisque ces mouvements touchent désormais la quasi-totalité des régions du pays. Mais c'est incontestablement la révolte estudiantine qui, plus que toutes les autres, gagne en cadence et intensité. S'il est vrai que les revendications sociales et pédagogiques restent la motivation la mieux partagée par les étudiants, toutes régions et toutes filières confondues, des demandes politiques sont parfois adressées au pouvoir, plus ou moins directement, depuis nos campus. Mieux encore, l'émergence même de ces mouvements, structurés ou non, qui prennent naissance dans les universités algériennes, est l'une des expressions d'un malaise national qui est, à la base, de nature politique. Dès lors, cette effervescence qui s'empare des universités et des grandes écoles est porteuse d'espoir, tant elle indique clairement que nos étudiants n'ont ni succombé au défaitisme ou au renoncement ni sombré dans le fatalisme. Ils se montrent, bien au contraire, résolus et déterminés à dire leur mot, à faire entendre leur voix. À dire vrai, cela tombe bien : la société algérienne, qui subit les effets divers de ce même malaise politique qui ruine la vie intellectuelle et piège l'avenir de la jeunesse, a plus que jamais besoin de l'apport de ses élites restées saines, pour s'affranchir d'un système politique capable, au mieux, de reproduire ses échecs. Cela tombe bien aussi, et surtout, car toute tentative de sauver le pays du naufrage programmé qui le guette ne peut prétendre à quelque chance de réussite que si elle repose sur la jeunesse. Et quelle meilleure jeunesse que celle qui permet aujourd'hui à l'université de se réapproprier une de ses missions vitales, celle de locomotive de la contestation ferme, pacifique et porteuse d'alternative.