“Il n'y a rien à espérer.” Cette phrase empreinte de pessimisme est d'un élu RCD à l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou, qui a organisé, jeudi, une journée thématique sur le foncier industriel et touristique. M. Aouedj, pour étayer son propos, a cité l'exemple de deux investisseurs qui sont à la recherche de 5 ha pour installer leurs projets. “Si nous ne sommes pas en mesure de répondre à ces deux porteurs de projets, nous perdons notre temps”, a-t-il lâché. Le débat qui a suivi la présentation de l'état des lieux du foncier industriel et touristique dans la wilaya de Tizi Ouzou a été pour le moins passionnant et passionné. Un élu FLN a qualifié les zones d'activité de “zones d'inactivité”, car aucune n'est en marche, a-t-il estimé. Un élu FFS a énuméré nombre d'incohérences que renferme l'arsenal réglementaire relatif au foncier industriel. Pour lui, la solution au problème du développement relève d'une volonté politique de décentralisation et de démocratisation des institutions, non sans dénoncer au passage “les entraves de l'Etat centralisateur”. Mme Kaboub, chef de groupe FLN, parle carrément de blocage de l'investissement dans la wilaya de Tizi Ouzou. Elle suggère de situer les problèmes et autres entraves qui découragent les investisseurs pour apporter en urgence des solutions appropriées. Son collègue abonde dans le même sens en s'interrogeant sur le phénomène de la délocalisation des investissements. “Nous sommes sur une plaque chauffante”, avertit-il, avant de plaider pour un vrai changement. Un autre élu évoque un “plan machiavélique” qui ciblerait la région, d'où sa conviction qu'aucun investisseur ne viendra s'installer dans une région gagnée par le phénomène de désinvestissement. Pour sa part, un investisseur est allé jusqu'à parler de “blocages administratifs” qui hypothèquent l‘investissement en Kabylie. Ce débat, modéré par le vice-président de l'APW, Saâdi Hadibi, fait suite à la présentation par des responsables de nombres d'organismes intervenant dans la politique d'investissement. Le rapport présenté en plénière par la Direction de l'énergie et des mines fait état de 17 zones d'activité et commerciales (ZAC), dont trois sont en projet de création à Makouda, Boudjima et Azazga. Une seule zone industrielle (ZI) est fonctionnelle à Oued Aïssi, alors que quatre projets de création de ZI à Fréha, Draâ El-Mizan, Boubhir (Bouzeguène) et Bouâid (Tizi Ouzou) sont en phase de lancement. 1 650 lots ont été créés et répartis sur une superficie de quelque 877 ha. En outre, seulement 874 lots ont été déjà affectés. Mais le nombre de projets en activité reste minime : 97. Douze ZAC sont gérées par la Sogi (Société de gestion immobilière) issue des décombres de la loi sur l'orientation foncière qui avait institué l'Ogza (Office de gestion des zones d'activité). Le directeur de l'agence foncière de wilaya est revenu, lui, sur les cinq zones d'activité totalisant une superficie de 35 ha gérées par son organisme. “Nous avons échoué en matière d'investissement dans notre wilaya, il faut une nouvelle politique d'investissement”, considère l'intervenant. Les représentants de l'Aniref, de l'Andi et de l'Urbab se sont étalés, eux aussi, à faire le point en matière d'investissement et la gestion des zones d'activité. Ainsi, on apprend, par exemple, que 645 projets sont déposés au guichet de l'Andi. Les participants au débat ont également soulevé les contraintes rencontrées dans les ZI et ZA. Pour ce faire, un plan de mise à niveau est proposé au gouvernement. C'est de la réhabilitation des ZI et ZA que dépend la relance de l'investissement dans une région où le chômage a atteint un taux alarmant. Sinon, on ne fera que défoncer des portes ouvertes…