En dépit du fait de représenter toute une région et une aussi cosmopolite mégapole qu'Oran, le Mouloudia ne se vend pas bien. L'ouverture du capital social de la société sportive par actions MCO n'a, ainsi, absolument rien changé à la cartographie financière du plus grand et plus prestigieux club de l'Ouest algérien. Tous les appels et autres invitations de l'actuelle direction visant à séduire les industriels et les hommes d'affaires de la région se sont avérés être de simples coups d'épée dans l'eau puisque même en prorogeant le délai, les éventuels actionnaires ne se bousculent pas au portillon. De là à dire que ce MCO en mode professionnel n'a de SPA que le nom, il y a un petit pas que tous les initiés aux coulisses de la bâtisse mouloudéenne ont franchi il y a bien longtemps. Le président du Mouloudia d'Oran, Tayeb Mehiaoui, avait d'ailleurs lui-même annoncé, jeudi 24 février dernier, à l'occasion d'une conférence de presse animée au siège du club, que “la somme globale des promesses d'investissement faites par les candidats au capital social de la SSPA-MCO n'a même pas atteint le milliard et demi, 14 530 000 dinars pour être plus précis, ce qui nous a poussé à proroger le délai et à repousser la date butoir d'une semaine pour espérer d'autres éventuels apports de ceux qui veulent devenir actionnaires”. Une semaine après, c'est toujours le même constat puisqu'au lendemain de l'expiration du délai, fixé au vendredi 4 mars, aucun “autre” investisseur ne s'est manifesté.Au contraire, même quelques-uns de ceux qui ont “promis” d'investir leurs économies risquent de se voir éjecter de la liste dans le cas d'une enquête de “moralité”, comme l'a d'ailleurs laissé entendre Mehiaoui lors de son intervention. “La liste des candidats au capital social de la SSPA/MCO a été acceptée par la direction du club. Il reste toutefois l'accord du notaire, car ces candidats doivent être prêts à verser l'argent qu'ils ont promis ainsi qu'un dossier administratif qui devra convaincre et qui comportera notamment une copie du casier judiciaire. Mais tout ne sera officialisé qu'après une certification faite par un commissaire aux apports désigné par le tribunal”, indique également Mehiaoui, avant d'enchaîner, sur un ton assez ironique : “On s'attendait à beaucoup plus de milliards. J'aurais aimé que ceux qui déclaraient des choses dans les journaux contribuent financièrement au lieu de dire n'importe quoi à partir de leur maison. Ces gens-là ne servent à rien !” 22 actionnaires = 300 millions = 36 jours de salaire pour Metref ! Rendue publique, la liste des candidats au capital social du MCO comporte, pour rappel, vingt-six candidats. La somme la plus minime, dix mille dinars, a été proposée par Saddok Abdelhamid, qui n'est autre que le chargé du matériel pédagogique de l'équipe première, ainsi que par Abdelkader Benzerga, commerçant et frère de Redouane, l'ex-international. À l'inverse, d'après la correspondance adressée à la direction du club et révélée aux représentants des médias au cours de ce point de presse, l'ancien président Youssef Djebbari a émis le vœu d'investir “600 millions de centimes au minimum”. De son côté, l'ancien candidat à la présidence du club, Belhadj Mohamed, a indiqué que le montant avec lequel il souhaitait intégrer le capital du club était de 500 millions. Exception faite également d'un industriel nommé Benamar Abdelhakim et qui a proposé 100 millions, les sommes des autres candidats oscillent entre deux et vingt millions de centimes seulement. Le président de la section football, Larbi Abdelilah, a en revanche indiqué qu'il rallongera le montant de son apport, actuellement de l'ordre de 4 millions de dinars, de trois autres millions pour atteindre les sept millions de dinars, ce qui ferait de lui le second actionnaire majoritaire après le PDG Tayeb Mehiaoui et ses 4,3 milliards de centimes. Dans un langage plus clair, l'apport de quelque vingt-deux actionnaires n'atteint même pas les 300 millions de centimes ! À titre de comparaison, cette somme réunie ne pourrait couvrir que… 36 jours seulement du salaire de l'international de l'Entente de Sétif, Hocine Metref ! Tout cela au moment même où les Rouge et Blanc sont en passe de réussir l'une de leurs meilleures saison depuis près d'une décennie, avec cette seconde place en championnat et une présence aux huitièmes de finale de la coupe. Mais il semblerait bien que l'absence d'une réelle culture de l'investissement dans le milieu footballistique oranais, plus particulièrement au MCO, soit une entrave assez dissuasive pour espérer voir les choses bouger dans le bon sens d'ici peu.Et dans un panorama mouloudéen aussi décourageant, le président Tayeb Mehiaoui a de quoi s'inquiéter pour l'avenir de la SSPA qu'il préside dans la mesure où le milliard et demi des “futurs actionnaires” ne suffirait même pas à assurer deux mois de paie aux joueurs, la masse salariale mensuelle de l'équipe première étant de quelque 800 millions de centimes.