L'union des grandes écoles a proposé aux étudiants de suspendre la grève jusqu'à nouvel ordre tout en restant vigilants. Mais cette initiative n'a pas fait l'unanimité. Un vote aura lieu aujourd'hui au sein des écoles qui n'ont pas encore tranché leur position. La tension est montée d'un cran, hier, au sein de la majorité des grandes écoles, en grève depuis près de deux mois. La raison ? Les membres de l'union des grandes écoles n'ont pu convaincre tous les étudiants de la nécessité de prendre du recul en reprenant les cours dès cette matinée. En effet, alors que des départements de certaines écoles, dont l'Ecole nationale polytechnique et l'Ecole nationale d'informatique, ont repris les cours hier après-midi, des départements de certaines écoles ont même repris mardi après-midi, la majorité des autres établissements n'ont pu trancher cette question. Pour ce faire, un autre vote est prévu aujourd'hui pour départager les opposants et les partisans de la reprise des cours. En fait, la proposition de la reprise momentanée a été longuement discutée et approuvée, hier, à l'issue d'une réunion entre les membres de l'union des grandes écoles. Mais en soumettant cette proposition aux autres étudiants, les délégués ont essuyé un refus catégorique de la majorité des étudiants des écoles respectives. Jusqu'à hier, seules deux écoles, à savoir polytechnique et informatique, étaient sûres de la reprise. Le reste balançait, voire disputait l'arrêt ou pas du débrayage. “Nous soumettrons la proposition au vote et la majorité suivra”, nous dit un membre de l'union des grandes écoles. Tout se décidera, donc, aujourd'hui pour la majorité des écoles. Il faut savoir que la tendance au gel de la grève n'a été rendue possible que grâce à la compréhension et au soutien des directeurs des écoles paralysées. En effet, les premiers responsables de ces établissements ont été beaucoup plus attentifs aux doléances de leurs étudiants que le département de tutelle. Il y a une semaine, les étudiants ont soumis deux conditions pour la reprise des cours. En effet, prendre part aux travaux des deux conférences régionale et nationale qui auront lieu dans quelques semaines pour examiner les rapports des différentes universités, facultés et écoles supérieures dans le cadre des débats portant passerelles et correspondances entre le système classique et le LMD, est l'une des conditions sine qua non des étudiants des grandes écoles pour mettre fin à leur débrayage. Les étudiants ont également exigé des garanties et des assurances écrites noir sur blanc quant à la prise en charge effective et la satisfaction des autres revendications pédagogiques. Comme il fallait s'y attendre, le ministère de l'Enseignement supérieur s'est confiné dans un silence total qu'il s'impose depuis des années. Ce qui n'a fait qu'augmenter la colère des grévistes. Si ce n'était l'intervention du recteur de l'université d'Alger 1, la tension promettait de monter encore d'un cran. Invité à une émission télévisée portant débats sur la situation qui prévaut au sein des établissements du supérieur, Tahar Hadjar a révélé que la tutelle a donné son accord pour que les délégués des étudiants soient présents aux débats des deux conférences régionale et nationale. Une revendication sur laquelle les étudiants insistaient pour s'assurer de l'adoption de leurs rapports et demandes introduits lors des débats. Convaincus que la tutelle n'est pas prête à faire dans ce sens, les étudiants, qui ont voulu prouver leur bonne foi, se sont concertés en vue d'exiger un écrit garantissant leur présence aux deux conférences à leurs directeurs respectifs. D'autant que lundi, les directeurs de l'ENI (informatique) et l'Ensa (agronomie) l'ont fait pour leurs étudiants. Une démarche qui a rassuré et apaisé les esprits surchauffés des étudiants. Des demandes dans ce sens ont été introduites au niveau des directions des six autres écoles. La satisfaction de cette demande par les directeurs a poussé l'union à proposer le gel du débrayage. Tout en avertissant : “Nous prendrons part aux débats en vue de transmettre nos doléances. Mais nous serons toujours sur nos gardes. Nous quitterons les travaux à la moindre faille et la mobilisation ne sera que plus forte, plus longue et plus solidaire.” Cependant, habitués aux discours contradictoires, les étudiants semblent être toujours échaudés.