Refusant de céder aux nombreuses pressions internationales, le leader libyen multiplie les déclarations dans les médias pour défendre sa position en accusant notamment ses détracteurs de vouloir faire main basse sur le pétrole de son pays. Après avoir lancé sa contre-offensive contre les insurgés sur le terrain, Mouammar Kadhafi s'attelle maintenant à défendre son image dans les médias internationaux. Dans un entretien diffusé hier par la chaîne d'information française LCI, il a accusé les Occidentaux de mener “un complot colonialiste” contre son pays. En effet, en réponse à une question sur les positions des Occidentaux, notamment celle de la France, qui ont apporté leur soutien à l'opposition, Kadhafi n'a pas mâché ses mots en répondant : “Ils veulent coloniser la Libye à nouveau. C'est un complot colonialiste.” Il a défendu la même thèse dans une autre intervention diffusée dans la nuit de mardi à mercredi par la télévision officielle, en a appelant les Libyens à se méfier des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, qui, selon lui, “profitent de ce qui se passe dans certaines régions du pays et l'amplifient”. Pour lui, il ne fait aucun doute que les richesses pétrolières de la Libye sont à l'origine de l'escalade. “Ils sont jaloux des Libyens, un petit peuple vivant sur une grande superficie, ils ont du pétrole et vivent heureux et en sécurité, la tête haute”, clame-t-il. Poursuivant dans le même ordre d'idées, Kadhafi affirme que “les pays colonialistes trament un complot pour humilier le peuple libyen et le réduire à l'esclavage et contrôler le pétrole”. Dans la foulée, il ne manque pas de raviver la thèse terroriste en assurant que les rebelles ont “subi un lavage de cerveau par des terroristes venus d'Afghanistan, d'Algérie, d'Egypte et de Palestine qui leur ont donné armes et argent”. Dans un entretien diffusé hier par la chaîne publique turque TRT, le leader libyen dit que si le réseau extrémiste El-Qaïda s'empare de son pays, “la région toute entière jusqu'en Israël sera la proie du chaos”. Dans un tel cas de figure, souligne-t-il, “l'Europe sera aussi confrontée à un exode massif d'immigrés d'Afrique du Nord”, a estimé le leader libyen, avant d'ajouter que “la communauté internationale a commencé à comprendre maintenant que nous empêchons Oussama Ben Laden de prendre la contrôle de la Libye et de l'Afrique”. Quant à l'idée d'imposer une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, le dirigeant libyen estime qu'une telle éventualité serait favorable, car “les Libyens verront ce que ces pays veulent vraiment faire — prendre leur pétrole — et ils prendront alors les armes”. Mouammar Kadhafi en profitera pour accuser les chefs de l'opposition, particulièrement Moustapha Abdel Jalil, son ancien ministre de la Justice qui a fait défection et qui dirige le Conseil national de transition mis en place par l'opposition à Benghazi, de traîtrise. Il dit à son sujet : “On me disait dans le temps qu'il était un traître et un agent, le Parlement voulait d'ailleurs le limoger (...) C'est lui qui appelle les Britanniques pour leur dire de venir occuper Benghazi, les habitants l'ont démasqué.” Selon lui, “la seule solution est que les habitants de Benghazi se révoltent contre les traîtres, et s'ils ne le font pas, leurs enfants seront recrutés en Afghanistan”. Affichant une grande assurance, en se disant confiant sur de futures “visites” en Europe une fois que “tout cela sera terminé”, il répond à une question sur le fait de savoir s'il envisageait des “mesures de représailles” contre la France : “On verra.”