Dans le cadre de la manifestation “Tlemcen, capitale de la culture islamique”, la pièce Alef tahia liarfia, adaptée du roman de Mohamed Dib, paru en 1960, Mille hourras pour une gueuse, a été présentée mardi à la maison de la Culture Abdelkader-Alloula par la troupe du Théâtre régional de Mascara dans une mise en scène de Laroussi Missoum, un ancien de l'Ecole d'art dramatique de Bordj El-Kiffan. Comme nous le confirme Kamel Bendimered, auteur et critique de théâtre, cette pièce, présentée pour la première fois en Algérie, a été précédemment montée à Avignon, en France en 1977. Elle devait être adaptée par le TNA en 1980 pour une tournée en Algérie, mais le projet fut abandonné à cause d'un problème de droit d'auteur que M'Hamed Benguetaf, actuel directeur du TNA, n'a pu régler à l'époque. Parmi les 24 comédiens présents sur scène, Ouarda Saïm, dans la peau de Arfia, et dans l'environnement carnaval qui associe drame et dérision, a su tirer son épingle du jeu, par sa prestance corporelle et son lyrisme fougueux, forçant ainsi le public à lui réserver à chaque fin des cinq tableaux des ovations alors que la pièce en elle-même, qui est une traduction quasi intégrale du texte de Dib, pèche souvent par une lourdeur dans les dialogues et des répliques qui compliquent la compréhension du message qu'a voulu véhiculer Laroussi. La jeune Saïm Ouarda qui a été formée à la grande école d'Ali Abdoune (El-Afsa) a déjà brillamment campé des rôles principaux dans de nombreuses pièces, dont Lune de miel, Rencontre avec, Barque en forêt. Une autre spécialiste du théâtre, Guermat Fatma, titulaire d'un magistère décroché sur le thème “De la danse du roi à mille hourras pour une gueuse : problématique de l'écriture chez Mohammed Dib”, souligne que “Arfia, le personnage principal de la pièce théâtrale, raconte, dans son monologue, la guerre et évoque les souvenirs de ses trois amis : Slim, Bassel et Nemiche, dévorés par la montagne. Ces personnages ressuscitent sur scène pour faire du récit une réalité vécue et vue. Puis, ils disparaissent, cédant la place aux personnages du présent”. Babanag, à la quête d'une mère, se colle à Arfia et fait d'elle, comme d'autres, une comédienne d'un petit théâtre qui se joue dans la rue pendant la nuit. Babanag distribue les rôles, Arfia aura celui d'une vieille femme qui rencontrera sur son chemin l'érudit Wassem, attendant l'ouverture du portail du grand Chadly. Ces deux comédiens deviennent plus tard des spectateurs de scènettes portant chacune un thème. Le fameux érudit disparaît, Arfia sera arrêtée pour le meurtre de Babanag, mais sera relâchée pour folie. Nous assistons à “un théâtre dans le théâtre”.