Le Maroc “est d'une certaine manière responsable” du blocage du processus de négociations avec le Front Polisario sur l'avenir du Sahara occidental, a estimé le ministre algérien des Affaires étrangères Mourad Medelci dans un entretien accordé jeudi au quotidien El Khabar. “Le Maroc est d'une certaine manière responsable du blocage du fait qu'il cerne la solution dans son approche tout en rejetant la proposition du Polisario qui est aussi reconnue par le Conseil de sécurité de l'ONU”, a déclaré M. Medelci. Le ministre a ajouté que “l'Algérie n'était pas satisfaite” des résultats du processus de négociations entre le Maroc et le Polisario. Ces négociations “n'ont enregistré aucune avancée en dépit des efforts de l'Algérie visant à aider l'émissaire de l'ONU au Sahara occidental, Christopher Ross, à accomplir sa mission dans les meilleures conditions”. “Je pense qu'il y a encore une prédisposition chez les deux parties au conflit, outre la volonté de Christopher Ross et du secrétaire général de l'ONU de poursuivre les efforts en vue de parvenir aux résultats escomptés par la communauté internationale”, a encore estimé M. Medelci. Concernant les relations algéro-françaises, M. Medelci à estimé qu'“elles ont été et sont très sensibles, et connaissent des hauts et des bas”. “Ce qui est diffusé par les médias français, dont les journaux et les télévisions y compris officielles, et l'appel à voir se produire, en Algérie, les évènements survenus en Tunisie et en Egypte n'augurent aucune évolution dans les relations, sachant que la position de la France était prudente concernant la situation en Algérie”, a-t-il dit. Selon le ministre, le “fait positif enregistré à ce jour est le règlement définitif de la question du diplomate Hasseni”, blanchi par la justice française. Cette question était “éreintante pour le diplomate, le gouvernement algérien et même le peuple... mais la vérité a fini par éclater”, a-t-il dit. Autre fait positif relevé par M. Medelci “l'entame des négociations non officielles pour la facilitation d'obtention des visas” et “le fait de permettre à la communauté algérienne établie en France de bénéficier des nouvelles lois de la justice française, et qui sont parfois meilleures que celles existant actuellement dans le cadre de l'accord de 1968”. Par ailleurs, Mourad Medelci a indiqué hier que l'Algérie était “contre une intervention étrangère” en Libye, qui nourrirait le terrorisme, mais qu'une “médiation” entre le régime du colonel Kadhafi et l'opposition armée était “souhaitable”. “Nous sommes inquiets parce qu'il y a une opposition armée entre une partie de la population et une autre, et parce que l'usage des armes est devenu incontrôlable”, a déclaré le ministre dans un entretien au quotidien français le Monde. “Nous sommes contre une intervention étrangère, mais nous ne sommes pas seuls, et je peux comprendre que les messages de la communauté internationale deviennent de plus en plus fermes. Si la situation devait durer, on sait très bien qu'à un moment ou à un autre, le Conseil de sécurité prendrait des décisions. Laissons lui l'appréciation de la situation, mais espérons qu'il n'y aura pas d'intervention”, a ajouté Mourad Medelci. “Nous sommes en présence de deux camps, comme en Côte-d'Ivoire. Le climat est peut-être favorable pour tenter une médiation. Je ne sais pas si elle est possible, mais elle est souhaitable. Vous connaissez les résultats de précédentes interventions étrangères, n'est-ce pas ? Nous ne pouvons pas nourrir le terrorisme”, a-t-il souligné. Le ministre algérien a aussi estimé que la situation de son pays était très différente de celle de la Tunisie ou de l'Egypte, où des soulèvements populaires ont renversé des régimes autoritaires ces dernières semaines. “L'Algérie est un pays pluriel, aucun parti n'est capable de faire adopter une loi tout seul. Cela fait quand même une grosse différence. Ensuite, l'Algérie a déjà fait sa mutation en 1988, mais cette révolution a été masquée par le fait qu'ensuite nous avons vécu dix ans de tragédie nationale”, a-t-il expliqué. Interrogé sur l'annonce par le roi du Maroc d'une réforme constitutionnelle, Mourad Medelci s'est montré prudent. “Le discours de Sa Majesté Mohammed VI nous a semblé apporter des éléments extrêmement importants sur le terrain politique marocain”, a-t-il dit.