Les nouvelles dispositions en faveur de l'emploi décidées en Conseil des ministres du 22 février sont appliquées, tous les décrets étant prêts pour l'exécution de ces mesures. Les guichets des agences de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) sont pris d'assaut par les jeunes, venus nombreux profiter des nouvelles dispositions prises par les autorités publiques afin de faciliter les mécanismes de création d'activités. C'est ce qui est notamment remarqué à l'annexe de l'Ansej de la rue Tripoli, à Hussein-Dey où la demande a explosé. Des centaines de jeunes (filles et garçons) constituent tôt le matin de longues files d'attente devant le siège de l'antenne de l'Ansej pour procéder aux retraits des formulaires pour la constitution de dossiers de crédit pour la création d'entreprise. Cet établissement accueille au quotidien des flux de personnes voulant finaliser la procédure. Cette ruée sur ces bureaux trop exigus de l'Ansej n'a jamais été observée auparavant, au point de surprendre les services de ses organismes. Submergés, les employés essaient tant bien que mal de s'adapter à ce flux en adoptant le système d'inscription des demandeurs dès le matin. D'ailleurs dès 6 heures du matin la file se forme à l'entrée de cette annexe. Selon un responsable, la demande a quasiment quadruplé ces derniers jours. Elle est passée de 20 dossiers par jour à plus de 80 dossiers. Selon le même responsable, la majorité des demandes concerne le “roulant”, c'est-à-dire le transport et la location de voiture. Toutefois, de nombreux jeunes sont mal informés. Ainsi, sur les délais de traitement, le responsable précise que les deux mois annoncés le sont à partir du dépôt du dossier au niveau de la banque. Par contre les délais entre le dépôt à l'Ansej et le dépôt au niveau de la banque dépendent de la fluidité de la correspondance entre l'Ansej, la Cnas et la Casnos. Plusieurs facteurs sont derrière cette ruée des jeunes pour les micro-entreprises, selon un jeune qui précise “qu'en plus des avantages accordés dans le cadre de ces formules, notamment le crédit sans intérêt et les avantages fiscaux, les jeunes se réjouissent de la baisse significative de l'apport initial (ramené de 5% à 1% pour les investissements ne dépassant pas 5 millions de DA, et de 10% à 20% pour les investissements allant jusqu'à 10 millions de DA)”. L'annexe Ansej de Hussein-Dey n'est pas la seule à enregistrer ce flux de jeunes. En effet, nous avons observé le même engouement au niveau de l'annexe Ansej de Sidi-M'hamed à la rue Hassiba Ben-Bouali. L'exiguïté du siège a contraint les responsable à laisser la porte d'entrée close et à procéder à l'appel des demandeurs inscrit très tôt le matin. “Je suis dixième sur la liste alors que j'était là à six heures du matin”, nous dira un jeune venu déposer son dossier pour l'acquisition d'un camion. Un autre porteur d'un projet similaire ajoutera que “le passe-droit existe toujours”. “Nous ne pouvons que nous réjouir de toutes ces nouvelles mesures, mais nous restons sceptique quant à la concrétisation sur le terrain”, précise-t-il. Le délai de traitement reste, en effet, le sujet sur lequel la majorité des demandeurs doutent. “On nous dit deux mois. Moi dans deux mois, s'il n'y a pas de réponse, je réagirais avec un grand groupe de mon quartier qui sont tous demandeurs en dénonçant l'arnaque dans la presse”. La détresse des jeunes chômeurs était perceptible au grand sourire qu'ils affichaient en sortant des bureaux après le dépôt du dossier, synonyme pour eux d'une sortie du cauchemar. L'objectif tracé par les pouvoirs publics est clair : créer un maximum d'emplois. Mais est-ce que cet objectif peut se suffire des dispositifs Ansej, Cnac et Angem. D'autant que, comme nous l'avons constaté à quelques mètres de l'annexe Ansej de Sidi-M'hamed, les locaux de l'agence nationale de l'emploi (Anem) étaient, pour leur part, pleins comme un œuf.