Le ministère de l'enseignement supérieur communique avec les étudiants par le biais de plateaux télévisés où des recteurs et des étudiants se confrontent sans parvenir pour autant à se convaincre mutuellement. La grève des étudiants de différents cycles et établissements de formation supérieure va en se durcissant. Les efforts de certains délégués de convaincre leurs camarades de reprendre les cours ne trouvent point d'échos. La majorité des étudiants n'ont pour réplique : “Nous voulons du concret pas des promesses et des débats.” Mais le concret, l'écrit noir sur blanc, ne peut pas venir des recteurs et directeurs d'école mais du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Seule institution habilitée à pondre les décisions officielles, la tutelle semble s'être déchargée de la gestion de la crise qui secoue l'université depuis déjà deux mois. Timide au début de la contestation estudiantine, le département de Rachid Harraoubia s'est confiné dans un mutisme total dont il détient le record et le secret. Ce n'est qu'à la troisième semaine de la paralysie des grandes écoles du pays que la conférence nationale des chefs d'établissement du supérieur a daigné se réunir et “recommander l'abrogation du décret présidentiel” déclencheur de la protestation, “l'élaboration des textes régissant les passerelles entre le LMD et le système classique” et “demander au ministre de soumettre ces recommandations aux hautes autorités”. Et c'est à partir de là que le Conseil des ministres, du 22 février, a annoncé l'abrogation du décret contesté et la nécessité de lancer des débats sur les passerelles. à peine 24 heures après, le département de Harraoubia a instruit les chefs d'établissement d'ouvrir des discussions. Mais ni l'abrogation ni le lancement du dialogue n'ont réussi à apaiser la colère des étudiants. Bien au contraire. La contestation a fait boule de neige et a gagné d'autres universités et facultés. Les étudiants, qui se sont structurés pour mieux défendre leurs revendications, ont été jusqu'à porter la contestation aux portes de la tutelle en y tenant quotidiennement des rassemblements, en bravant la matraque et le bâton des forces antiémeutes. Mais ceci ne fera point réagir le ministère de l'Enseignement supérieur. Rachid Harraoubia est imperturbable. Mieux, mis à part envoyer des notes aux recteurs et autres directeurs, la tutelle ignore complètement les étudiants. Ces dernières semaines, le département de Harraoubia communique par le biais de plateaux télévisés où des recteurs et des étudiants se confrontent sans parvenir pour autant à se convaincre mutuellement. Seul point positif : les invités de la 3 ou de Canal-Algérie donnent des informations en citant la tutelle. Pourquoi recourir à des intermédiaires ? Pourquoi ne pas recevoir les délégués et dialoguer directement avec eux ? Venant directement de responsables de la tutelle, le message et les promesses auraient pu mieux convaincre les grévistes qui ne demandaient qu'à être écoutés. Les deux parties en conflit auraient pu trouver un compromis si la tutelle avait pris la peine d'ouvrir des négociations sérieuses et directes avec les étudiants. Rejetés par leur propre département, les étudiants se sont tournés vers le premier magistrat du pays en “déplaçant” leur colère au siège d'El-Mouradia. Seront-ils mieux considérés ? Les jours à venir nous le diront.