Après une timide entrée en matière samedi soir, la coalition a intensifié hier ses frappes aériennes contre la Libye en ciblant des objectifs militaires à Tripoli et à Benghazi, tandis que le colonel Mouammar Kadhafi mettait en garde contre une “longue guerre”, car n'ayant nullement l'intention de lâcher prise. Les forces de la coalition, dirigée par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ont poursuivi hier l'opération militaire, baptisée “Odyssey Dawn” par le Pentagone, contre la Libye, avec comme objectif de détruire au sol les forces armées du colonel Kadhafi. Dix-huit avions américains, dont trois bombardiers furtifs B2, ont attaqué des objectifs en Libye à l'aube, a indiqué à la presse Kenneth Fidler, un porte-parole de l'US Africa Command à Stuttgart (Allemagne), QG américain qui coordonne l'intervention en Libye. Des dizaines de véhicules militaires des forces de Kadhafi, dont des chars, ont été détruits par les frappes aériennes françaises à l'ouest de Benghazi. Ainsi, après des semaines d'hésitations, un mandat de l'ONU et un appui arabe, la coalition avec à sa tête les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne est passée samedi à l'offensive en bombardant par air et par mer des objectifs militaires libyens pour tenter de stopper la répression de la révolte lancée le 15 février contre le régime du colonel Kadhafi. Washington et Londres ont lancé plus de 110 missiles de croisière Tomahawk à partir de navires et sous-marins à partir de samedi à 19H00 GMT contre plus de 20 objectifs, dont des systèmes de défense antiaérienne et des nœuds de communication stratégiques, tous sur la côte méditerranéenne. Des chasseurs bombardiers britanniques Tornado ont également participé aux raids tirant des missiles de croisière Stormshadow. Hier, juste après minuit, un bombardement aérien a visé Tripoli et la défense antiaérienne déployée dans la capitale, notamment dans la résidence-caserne du dirigeant libyen à Bab al-Aziziya, est entrée en action. Les autorités libyennes ont fait état “d'objectifs civils et militaires” touchés et de “graves dégâts matériels” à Misrata, à l'est de Tripoli, ainsi qu'à Zouara, Syrte, la ville natale de Kadhafi, et Benghazi. Devant cette situation, la Libye a réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, a indiqué son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié samedi soir, affirmant que la résolution 1973 de l'ONU concernant une zone d'exclusion aérienne a pris fin avec le début des ces agressions militaires. Dans un message sonore, diffusé par la télévision publique, Kadhafi a menacé d'une “longue guerre” contre les pays participant à cette “opération barbare” contre son pays, affirmant que “tout le peuple libyen porte des armes” et qu'il va “vaincre”. Il a ajouté que “la Libye ne laissera jamais les pays occidentaux exploiter son pétrole”, qualifiant l'action militaire en cours de “barbare et d'injustifiable”. Contrairement aux nombreux pays qui se sont joints à l'opération militaire occidentale contre la Libye, la Chine et le Venezuela ont regretté cette action et exprimé leur opposition à l'usage de la force dans les relations internationales. “La Chine a noté les derniers développements en Libye et exprime ses regrets concernant les attaques militaires contre la Libye”, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères. Le président vénézuélien Hugo Chavez a jugé “irresponsable” l'action militaire contre la Libye, et a réclamé “un cessez-le-feu effectif”. Préoccupée par l'évolution des évènements en Libye, l'Union africaine (UA) a, par le biais de son comité Ad Hoc de haut niveau sur la Libye, appelé à une action africaine coordonnée et urgente afin de contribuer activement à la recherche d'une solution rapide à cette situation dans le cadre de la légalité internationale.