Des maladies non transmissibles, le diabète touche en Algérie, comme dans le monde, plus la femme que l'homme. Le contexte socioculturel en est la raison essentielle, mais il existe toutefois d'autres aspects que des spécialistes réunis hier au Forum d'El Moudjahid ont développé sous le thème “diabète au féminin”, initié par l'Observatoire algérien de la femme (OAF), en collaboration avec le laboratoire Novo-Nordisk, leader mondial dans le traitement du diabète. Mme Chaia Djafri, la présidente de cet observatoire, explique d'emblée que le forum fait suite à une campagne visant à “promouvoir le rôle-clé des femmes dans la prévention du diabète par, notamment, des activités d'éducation, de sensibilisation et de prévention à travers le territoire national. Un rôle justifié aussi par le fait que les femmes sont dans un sens gardiennes des habitudes alimentaires et de la vie des ménages, et ont donc la possibilité de promouvoir la prévention au sein de leur foyer et même au-delà”. Par cette campagne, Mme Djafri “souhaite informer et éduquer les femmes sur les règles d'hygiène de vie les plus élémentaires à même de prévenir le diabète et les autres maladies non transmissibles, encourager ces femmes à sensibiliser au diabète, à ses facteurs de risque et les moyens de le prévenir, leur foyer et la communauté dans laquelle elles vivent, catalyser les efforts de toutes et tous afin de promouvoir le lien entre une grossesse saine et un poids de naissance normal comme moyen de prévenir le diabète et autres maladies non transmissibles”. Le Dr Nadir, représentante du ministère de la Santé, abonde dans le sujet en rappelant que des efforts sont entrepris depuis plusieurs années par le secteur pour assurer d'une part la vulgarisation de la maladie, et améliorer d'autre part les moyens de sa prise en charge. “Le diabète chez la femme nécessite une attention particulière. Malheureusement, en Algérie, nous n'avons pas de chiffres exacts sur les femmes présentant un diabète”, confie le Dr Nadir. De son côté, le Pr Bougherbane, éminent cardiologue, sénateur et président de la commission des transferts à l'étranger, a expliqué par les chiffres, l'évolution du diabète et sa répartition à travers le territoire national. L'on saura alors qu'il y a prédominance de la maladie chez les femmes du sud du pays où le taux est de 11% chez les femmes alors qu'il n'est que de 4,4% chez les hommes, soit deux fois et demi de plus. Une autre liaison avec la maladie, l'ophtalmologie que le Pr Louiza Chachoua, chef de service ophtalmologie au CHU Parnet et sénatrice, a développé notamment la rétinopathie diabétique qui est la première cause de la cécité chez les personnes âgées de 20 à 75 ans. “Il y a une grande fréquence de la rétinopathie diabétique, d'où la nécessité d'un examen régulier du fond d'œil ainsi qu'un bon équilibre glycémique”, fera-t-elle savoir. Pour le Pr Mimouni-Zerguini, chef de service diabétologie au CHU Mustapha-Pacha, il faut distinguer deux volets à savoir la période avant la conception qui nécessite un strict contrôle glycémique jusqu'à sa normalisation, un examen ophtalmologique avec angiographie, un examen cardiovasculaire et même coronarien. Pendant la grossesse, il est nécessaire de contrôler le régime alimentaire, faire une activité sportive et une autosurveillance glycémique. Le diabète gestationnel, poursuit la spécialiste, et un traitement glycémique équilibré est demandé pendant toute la grossesse. Le Pr Khodja, chef de service gynécologie obstétrique, aborde les difficultés physiologiques engendrées par la maladie à savoir les troubles sexuels, l'infertilité (problèmes d'ovulation), les infections urinaires et vaginales, problèmes d'ordre sexuel (hydratation), incontinence urinaire, ainsi que les affections cancérologiques. Pour cela, conclut le Pr Khodja, le dépistage est nécessaire. Une sage-femme rappelle toutefois que le diabète n'empêche pas d'avoir un enfant mais nécessite une surveillance. Un cas d'erreur médicale est soulevé dans la salle par le Dr Baya-Kenza Tazaïrt, connue de la presse. Cette dernière, ingénieur d'état en biologie, souffre d'une maladie orpheline qu'elle a eue suite à une erreur médicale lors de son dernier accouchement. Malgré son diabète et son handicap moteur, elle a pu gagner un concours international de plongée sous-marine. Un courage que toute la salle a salué. C'est pour dire aussi que le diabète n'empêche pas de mener une vie normale pourvu que l'on suive les règles nécessaires.