Les activités du Festival du film amazigh qu'abrite la ville d'Azeffoun depuis le 19 mars prendront fin aujourd'hui. Quatre jours concurrentiels marqués par la projection de plusieurs films. Avant-hier, le public a eu à découvrir quatre films en concurrence à l'Olivier d'or. L'un Concerto pour deux mémoires, de Embarek Menad, retrace l'histoire de deux hommes durant la lutte de libération, deux personnages qui livrent leurs souvenirs et parlent de l'avenir. Le second film, projeté dans la matinée, Happy Halloween, de Fatma Iken, raconte l'histoire de Sonia, une jeune fille malade qui décide de cacher la vérité à Sam, qu'elle aime passionnément. La troisième projection sera dédiée à l'écrivain algérien Kateb Yacine, sous le titre Troisième vie de Kateb Yacine de Brahim Hadj Slimane. Le film revient sur la vie de Kateb après son retour d'exil dans les années 1970. Un voyage, qui allait devenir long, pour cet enfant de Nedjma, amoureux de son pays. Le réalisateur raconte une partie de l'histoire de cet homme qui connaîtra un second exil dans son pays, “chassé” d'Alger, où il dirigeait une troupe de théâtre, pour aller ensuite à Sidi Bel-Abbès. Il rapporte des témoignages vivants de ses amis du théâtre, qui se souviennent encore de cet homme modeste, ouvrier avec les ouvriers et intellectuel chevronné. Le film au service de l'histoire Cette rencontre autour du film a démontré un engouement des jeunes réalisateurs pour le film documentaire sur l'histoire d'Algérie. Parole d'un prisonnier de l'ALN en est un. Présenté dans la soirée d'avant-hier à la salle des fêtes d'Azeffoun, celui-ci relate l'histoire particulière d'un prisonnier français, pendant la guerre d'Algérie, Roné Rouby, arrêté par l'ALN en Kabylie, au village Agouni-Ahmed, dans la localité d'Ath Yanni, puis emprisonné dans l'Akfadou. Le réalisateur, Salim Aggar, d'un père condamné à mort par l'armée française, pendant la guerre de Libération, est allé à la rencontre de cet homme en France, pour relater ses 114 jours de détention, des moments difficiles qui, pourtant, lui ont permis de découvrir et d'aimer dans la douleur, une terre étrangère qui est la Kabylie. Dans ce film documentaire, Roné Rouby narrera ses jours de captivité, aux côtés de Mokrane, un moudjahid qu'il avait aimé comme un père : “Il était mon ange gardien. J'ai beaucoup d'émotion pour lui, car il ne m'avait jamais tapé, contrairement à Brahim, qui lui, m'envoyait souvent faire des travaux de punition. Mais les soldats de l'ALN avaient un grand respect pour la dignité des prisonniers français.” Roné Rouby rappelle patiemment son histoire et le rôle responsable qu'avait joué le colonel Amirouche dans sa détention, avec d'autres prisonniers, Joël et les autres, qu'il avait perdus en cours de route, suite à la fatigue et à la maladie, mais jamais des mains des moudjahidine. “Amirouche était un exemple du maquis, à côté de Mira Abderrahmane et de bien d'autres éléments de l'ALN.” Un témoignage vivant qui avait ému plus d'un. La vision d'un homme qui avait appris à aimer dans la douleur, jusqu'au jour de sa libération. Hier, un autre film sur l'histoire de l'Algérie était présenté. Oiseau bleu, l'histoire secrète d'une guerre, de Rezika Mokrani. Le documentaire remonte à l'automne 1955, en pleine guerre d'Algérie, quand les services secrets français tentaient d'infiltrer les moudjahidine en Kabylie. L'opération secrète appelée Force K était une manœuvre de plus pour détruire le FLN de l'intérieur. Par ailleurs et lors d'un point de presse, le commissaire du festival, M. Assad, a annoncé la création future d'une fédération maghrébine du film amazigh qui regroupera trois pays ; l'Algérie, la Tunisie et le Maroc. Un espace d'échange culturel, cinématographique et de circulation entre réalisateurs.