Au moment de réclamer les 200 millions de centimes restants pour poursuivre les tavaux, les ruraux se heurtent au problème de lenteur administrative. Si, en théorie, l'opération suscite un intérêt particulier et susceptible d'arranger les plus réticents, en pratique, par contre, des signes d'inquiétude, voire de regret sont exprimés par les candidats, notamment ceux qui se sont engagés mais qui se retrouvent coincés en plein milieu de l'opération, ne pouvant ni avancer ni reculer, victimes du blocage administratif, notamment au niveau des services techniques. Le montant de l'aide chiffrée à 400 000 DA est versé aux bénéficiaires en 3 tranches et reste tributaire de l'état d'avancement des travaux des logements réalisés en compensation de ceux détruits ou endommagés. Dans ce contexte, la commune de Hacine a bénéficié de 40 logements en guise de première tranche d'un programme initié en urgence eu égard à l'importance que revêt une telle opération et aux objectifs que se sont fixés les responsables locaux. Pour motiver et s'assurer des engagements des postulants, l'Etat leur débloque 100 000 DA destinés en principe aux travaux des fouilles avec promesse de leur verser 200 000 DA par la suite. Mis en confiance, les bénéficiaires entament les travaux, mais au moment de réclamer la seconde tranche, ils se heurtent au problème lié à la lenteur administrative. D'abord, les techniciens de la direction de l'urbanisme et de la construction refusent ou hésitent de se déplacer sur les lieux pour superviser et évaluer les travaux, ou exigent que les murs de la clôture soient érigés. Dès lors, débute le parcours du combattant pur les ruraux astreints à exécuter les exigences des techniciens en ayant recours le plus souvent aux emprunts ou à la vente d'objets précieux afin d'honorer leurs engagements. Cependant, leur calvaire ne prend pas fin puisque, obligation leur est faite de couler la dalle pour prétendre à la fameuse deuxième tranche de 200 000 DA. Or, le plus commun ne peut ignorer que de tels travaux nécessitent des dépenses considérables, d'où la frustration des ruraux. Pour Bekkari Mohamed : “Au début, il nous a été signifié de justifier par des factures d'achat de matériaux à concurrence de 100 000 DA pour pouvoir prétendre au versement de la deuxième tranche. Aujourd'hui, on entend un autre son de cloche, ce qui nous renforce dans notre sentiment. Ce manège consiste à nous convaincre de retourner dans nos douars pour être de nouveau abandonnés à notre triste sort. Au lieu de multiplier les démarches censées nous encourager, les élus locaux adoptent une attitude négative et sèment le doute. Nous avons répondu à leur appel en nous portant volontaires pour retourner à nos douars en dépit de la réticence de nos enfants et nos épouses mais, à travers leurs agissements nous pouvons déduire que la confiance a tendance à disparaître. Si les responsables ne tiennent pas leurs promesses envers nous, les autres candidats ne peuvent pas nous suivre car convaincus qu'ils essuieront d'autres déceptions. La réussite de cette opération dépend en grande partie des conditions mises à notre disposition car, outre les logements décents, les responsables locaux nous ont promis le bitumage des routes, des centres de santé, des écoles pour nos enfants et notre sécurité.” Quant aux élus locaux, leur langage est plus mielleux, car ils affirment que les engagements de l'Etat seront respectés à la lettre mais ils insistent sur la volonté des ruraux à regagner les douars désertés. “Notre objectif est de repeupler les zones rurales, maintenant que les conditions sécuritaires se sont améliorées. Les travaux de réfection des infrastructures socio-éducatives sont à la charge de l'Etat”, devait nous dire le président de l'APC de Hacine, une commune concernée par l'exécution de ce programme ambitieux. A. B.