Emboîtant le pas aux professeurs du secondaire, les enseignants universitaires menacent sérieusement de perturber la rentrée universitaire. Le principal syndicat, le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), entend une nouvelle fois recourir à un coup de force pour faire aboutir ses revendications socioprofessionnelles. Le ton de ce regain contestataire sera donné, aujourd'hui, par la section de l'Université des sciences et de la technologie de Bab Ezzouar (Usthb). En effet, dans un communiqué rendu public à la fin de cette semaine, les leaders du syndicat appellent l'ensemble des enseignants à l'observation d'un piquet de grève. Les principales motivations de cette action s'articulent, selon ses initiateurs, autour de plusieurs doléances spécifiques, dont la prise en charge urgente par les pouvoirs publics des enseignants sinistrés d'Alger, de Boumerdès et de Tizi Ouzou, et l'accélération des travaux de réfection de l'université endommagée par le séisme du 21 mai dernier. Les organisateurs exigent, par ailleurs, la réhabilitation des comités pédagogiques. Sur ce point, la section CNES de l'Usthb conteste la programmation des examens de rattrapage à l'insu des enseignants qui ont appris, tout comme les étudiants d'ailleurs, la nouvelle par voie de presse. Rejetant ce genre de procédés, les plus réfractaires ont fait l'objet, d'après le CNES, de pressions et de harcèlements de la part du rectorat. Roue motrice du syndicat, la section de l'Usthb a toujours été à l'avant-garde de la contestation. Aussi, faut-il s'attendre, cette fois-ci aussi, à la propagation du vent de la colère sur d'autres campus. En tout cas, les motifs d'une probable escalade ne manquent pas. Dans sa dernière réunion, l'instance dirigeante du CNES a ressassé les problèmes encore en suspens, dont le plus important, à savoir l'évolution de l'enseignant universitaire en dehors d'un statut spécifique. Au cœur des batailles engagées par le syndicat depuis belle lurette, cette exigence n'a pas encore trouvé d'écho favorable auprès des autorités. Rendue tributaire de la mise en œuvre d'une nouvelle loi sur la Fonction publique, sa satisfaction fait office d'un vœu pieux. À la place, les autorités tentent d'endiguer la contestation en s'accommodant de demi-mesures. Il a été précisément le cas lors de la dernière bipartite tenue l'automne dernier. À l'instar d'autres corps de la Fonction publique, les enseignants ont obtenu une revalorisation de leurs salaires. Or, non seulement le montant de cette augmentation est très modeste, mais le relèvement en question touche uniquement les primes et reste de ce fait sans conséquence sur le salaire de base. Pour le CNES, rien n'est donc acquis. Sur le plan professionnel, la réforme des universités engagée par la tutelle sans la concertation des enseignants est également un motif de mécontentement. “La réforme décidée unilatéralement par les pouvoirs publics risque d'installer une tension supplémentaire dans les campus”, avertit le Cnes. S. L.