Les travailleurs de Hassi-R'mel ont mis leur menace à exécution puisqu'ils ont entamé, hier, une grève de la faim pour dénoncer “le silence des dirigeants de Sonatrach” face à leurs revendications. En plus des travailleurs de Hassi-R'mel, ceux des régions d'El-Hamra, Rhoud Enous et TFT ont également haussé d'un cran le niveau du mouvement de protestation en boycottant systématiquement toute restauration depuis hier matin. De leur côté, les agents de la région de Tin Fouy Tabenkourt (TFT), travaillant en système posté, ont décidé spontanément de ne pas rejoindre leur chambre et de tenir un sit-in pendant une heure devant le siège de la direction régionale. Les protestataires, qui ont également observé un sit-in devant le siège de la direction régionale de Sonatrach, menacent de recourir à d'autres formes de protestation plus radicales encore. Dans un autre communiqué portant le n°1, les travailleurs de Hassi-R'mel affirment : “Nous nous réservons toute la latitude de radicaliser le mouvement et prendre toutes les initiatives susceptibles de permettre d'arracher nos droits, et cela, au péril du travail.” Ils disent avoir été “bernés par les promesses de la direction régionale de Sonatrach”, qui, selon eux, ne fait pas l'effort de répondre à leur lettre adressée le 19 mars au P-DG de Sonatrach dans laquelle ils demandent plus de détails sur le contenu du message de M. Cherouati adressé quelques semaines plutôt au collectif des travailleurs. Dans leur communiqué n°1, daté d'avant-hier et adressé à notre bureau, les travailleurs se sont interrogés sur la promesse unilatérale et écrite par le P-DG, le 7 mars 2011, d'avoir une réponse dans trois semaines ; “période durant laquelle les travailleurs optent à sacrifier leurs repas et tenir des sit-in pacifiques quotidiennement devant le siège de la direction régionale, afin de recouvrer leurs droits légitimes occultés depuis plus d'une décennie”, précisent-ils. “La crédibilité largement entachée par les différents scandales qui ont secoué l'entreprise ces derniers mois, et le silence absolu réservé à nos revendications pourtant reconnus légitimes par l'ensemble des responsables du secteur de l'Energie et des Mines, sont ressentis par les travailleurs comme un signe fort de mépris qui pousse au pourrissement de la situation”, lit-on dans le document. Les protestataires visiblement déterminés affirment qu'ils “endossent la responsabilité pleine et entière au staff dirigeant de la plus grande entreprise d'Afrique”. Pour rappel, les travailleurs de Hassi-R'mel revendiquent toujours une réponse écrite sur la confirmation de l'attribution de l'indemnité de zone et de conditions de vie (IZCV) aux travailleurs optant pour la retraite proportionnelle qui n'a été élargie, jusqu'à présent, qu'aux travailleurs ayant choisi la retraite sans limite d'âge. Les travailleurs jugent la réponse faite par M. Cherouati au sujet de cette indemnité “ambiguë et opaque”. Ils ont demandé par écrit des éclaircissements à même de ramener un tant soit peu le calme, la confiance et la sérénité au sein de nos collectifs, comme précisé dans leur lettre. Bien que M. Cherouati ait déclaré la semaine dernière à Hassi-Messaoud que cette indemnité sera attribuée aux travailleurs souscrivant à toutes les catégories de retraite, les protestataires de Hassi-R'mel exigent toujours un écrit pour plus d'assurances. “Ils sont nombreux, les travailleurs âgés de moins de 50 ans et justifiant d'un minimum de 20 années de travail et de cotisation à la Sécurité sociale et qui ont, eux aussi, le droit à cette extension”, nous affirmé M. Ali Arhab, un des cinq délégués des travailleurs de Hassi-R'mel. En plus de ce point de discorde, les travailleurs affirment que le troisième point qui concerne l'indexation de l'indemnité (IZCV) au salaire de base actuel est entouré, lui aussi, de zones d'ombre. À rappeler que M. Cherouati avait déclaré dans son premier message adressé aux travailleurs daté du 7 mars que “l'augmentation du taux et du montant des primes et des indemnités sera négocié et fera l'objet d'un accord salarial et avec le partenaire social dans un délai de trois semaines”. Pour rappel, le P-DG de Sonatrach s'est déplacé à Hassi-R'mel et à Hassi-Messaoud où il a rencontré les travailleurs de son entreprise. Lors de ces déplacements, le P-DG, qui a jugé “légitimes” les revendications des travailleurs, a pris de nombreuses décisions en leur faveur parmi elles l'extension du bénéfice de l'indemnité compensatoire (IZCV) pour le personnel soumis à la relève ayant exercé 32 années de travail effectives et sans conditions ainsi que “l'indexation des formules de calcul des montants de l'indemnité du travail posté et de l'indemnité de zone et de conditions de vie (IZTV) au salaire de base actuel”. À noter que le ministre de l'Energie et des Mines a jugé “légitimes certaines revendications des travailleurs”, précisant que des commissions y travaillent déjà pour donner des réponses à ces revendications.