“La société civile en Algérie : réalité et perspective” était le thème d'une conférence animée, hier, par le colonel de l'aviation et membre de la Ligue des associations de la société civile, M. Aïssa Belakhdar, au Centre de recherche stratégique et sécuritaire. Le conférencier a, d'emblée, parlé de la faiblesse organique de la société civile algérienne, que ce soit à l'intérieur du pays, ou à l'extérieur, au sein des forums internationaux. à titre comparatif, il indique que la présence de la société civile au Maroc et en Tunisie dans l'espace maghrébin et africain est quatre fois plus importante que celle de notre pays. C'est un champ important qui est resté vacant, alors que depuis quelques dizaines d'années, la société civile est sortie du cliché étroit des états-nations et a pris en charge les problèmes innombrables comme la défense des droits de l'Homme, la lutte contre la corruption, le réchauffement climatique, la promotion des choix de systèmes économiques de substitution… M. Belakhdar a déploré l'inexistence en Algérie d'un conseil supérieur d'associations humanitaires et l'absence d'une culture de volontariat, ainsi que la non-utilisation des symboles et personnalités du monde politique, culturel et sportif dans des actions à caractère humanitaire. “Nous sommes une nation qui ne valorise pas ses symboles”, dit-il. Les intervenants, des sociologues et des professeurs d'université, ont, pour leur part, rappelé qu'il existe environ 84 000 associations agréées en Algérie, mais la plupart brillent par leur absence sur le terrain. “De quel droit, l'état donne des subventions à des associations qui ne remplissent pas leur rôle et qui n'émergent que pour soutenir une action politique, alors que la loi l'interdit formellement”, lâche un sociologue, qui ajoute que lorsque des émeutes éclatent, on ne trouve que des jeunes casseurs face aux policiers. Et pourtant, selon lui, “plus la société civile est bien organisée, davantage sont respectés les droits du citoyen et son environnement social, culturel et même physique. Moins la société civile est dynamique et moins les droits des citoyens entrent en compte dans la définition des politiques économiques, sociales et culturelles”. Pour les participants à ce débat, l'absence d'une politique globale, visant à développer et généraliser le champ d'intervention de la société civile algérienne, fait que celle-ci ne remplit pas son rôle de moralisation de la vie politique et ne répond pas aux normes requises.