Résumé : Nacer et Naïma se marièrent dans la tristesse et l'intimité. Fettouma se retrouva de nouveau seule. Elle se remémorait ce passé qu'elle avait vécu sur ces lieux où elle était née et qu'elle n'avait pratiquement jamais quittés. Une tristesse imprégnait les lieux. Et après le départ de Meriem, Fettouma se retrouva, de nouveau seule, dans cette grande bâtisse où elle avait vécu tant d'évènements. C'était déjà la rentrée universitaire, et quelques jeunes filles de l'intérieur du pays commençaient à arriver. Fettouma se sentit revenir au point de départ. L'épisode de Nacéra faisait désormais partie du passé. Et comme pour tout le reste, ce passé demeure cloîtré entre les murs de sa maison, qui embaumait toujours le jasmin et les fleurs sauvages. Lorsque je rencontrais Nacer, lors d'un reportage dans une ville du Sud algérien, je fus tellement subjuguée par son récit, que je décidais dès mon retour à Alger d'aller rendre visite à Fettouma. Nacer m'avait tant parlé de sa mère avec une fierté non dissimulée, que ma curiosité poussée à vif, je lui ai demandé de me donner l'adresse de la grande maison familiale où Fettouma vivait toujours. Je n'eus aucun mal à retrouver mon chemin, dans les dédales de la vieille Casbah dont Nacer n'avait cessé de faire les éloges devant sa femme et ses deux enfants, âgés aujourd'hui de 25 et 20 ans. Fettouma m'ouvrit la porte et me salua, avant de m'inviter à entrer. Connue pour sa générosité et son accueil, la vieille femme me proposa un café avant de m'assurer qu'elle n'avait plus de pièces à louer et que les deux pièces vides du rez-de-chaussée, appartenaient à son fils cadet et à sa belle-fille. Je jetais un coup d'œil circulaire autour de moi, et le décor qui avait les relents nostalgiques du passé me laissa sans voix. Fettouma elle-même était habillée d'un seroul medouer et portait toujours la maherma légendaire de ses aïeules. Je lui confiais le but de ma visite, et elle parut soulagée et heureuse : - Oh ma fille, j'étais si confuse de devoir refuser de vous loger chez moi. - Pourquoi donc ? - Eh bien, j'aime voir en des femmes comme vous le portrait de l'Algérienne moderne. Vous êtes journaliste ? Vous avez rencontré Naïma et Nacer et leurs enfants ? Comment voyez-vous l'avenir des futures générations ? Elle ne cessait de poser des questions tout en me reversant du café et en me faisant goûter des gâteaux dont la saveur gâtait mon palais. Fettouma était telle que je l'avais imaginée. Un peu voutée par le poids des années, mais les yeux pétillants demeuraient rieurs et pleins de vie. C'est elle-même qui me racontera plus tard, l'histoire en détail, de sa famille. Son mariage avec Mahmoud, le décès de Nacéra, et l'amour que cette dernière lui portait. Elle n'était pas dupe Fettouma. Son sourire franc vous fait encore penser à ces “belles vieilles femmes” qu'on rencontrait jadis dans les plus authentiques quartiers de la capitale Fettouma l'Algéroise comme on l'appelait encore, est réellement ce portrait vivant qui ressuscite les cendres d'une culture dont seuls les murs des vieilles bâtisses comme la sienne, savent garder le secret. Fin Y. H. [email protected]