Résumé : Fettouma espérait marier Nacer, son cadet, mais ce dernier ne s'intéressait qu'à ses études. Elle battit alors en retraite et s'occupa de restaurer la grande maison où, désormais, elle devrait vivre seule. 77eme partie Quiconque venait chez Fettouma, se retrouvait transporté dans le passé récent des anciennes bâtisses du vieil Alger. C'est que la bonne femme avait même gardé ses anciens meubles, et l'ancien décor des chambres du rez-de-chaussée. Elle ne voulait rien changer. Ni la vaisselle, ni les tapis, ni les rideaux, ni même son lit à baldaquins. Elle revivait chaque instant de sa jeunesse, de sa vie, à travers chaque objet. Quelques effets appartenant à sa belle-mère ou à sa mère, retrouvèrent aussi leur place dans le quotidien de Fettouma. Rien ne devrait changer tant qu'elle serait encore de ce monde. Meriem et Rachid avaient beau lui demander de moderniser un peu la maison, en installant une cuisine et une salle de bains, elle ne voulut rien savoir. Elle cuisait toujours ses repas sur le vieux fourneau de sa belle-mère, et prenait son bain au hammam ou dans la salle d'eau aménagée à cet effet des décennies plus tôt. Quatre années passèrent. Rachid est maintenant père de deux enfants. Un garçon qu'on prénomma Mahmoud, et une fillette qu'on prénomma Kheïra. Fettouma avait elle-même veillé à leur donner ces prénoms afin de “ressusciter” les anciens. Comme de coutume dans sa famille, on donne toujours aux aînés le prénom d'un cher disparu. Meriem était-elle aussi déjà mère d'un petit garçon. Fettouma est heureuse dans son nouveau rôle de grand-mère. Elle rendait souvent visite à Rachid pour voir ses petits-enfants, mais rentrait toujours chez elle en fin de journée. Non… elle ne passera la nuit nulle part ailleurs que dans sa maison. Malgré le vide et le silence y régnant, elle se sentait en sécurité à l'intérieur de ses murs qui l'ont vu naître et grandir. Les jours et les mois passaient. Nacer travaillait maintenant sur un projet du grand Sud algérien. Il avait opté pour les arts rupestres cette fois-ci, et découvrait de plus en plus les mystères et la beauté de son pays. Toujours célibataire, il prenait de l'âge avec une indifférence non feinte. Quant il venait passer quelques jours avec sa mère, il lui racontait les merveilles et la beauté des contrées qu'il découvrait tous les jours. L'Algérie profonde livrait ses secrets à ceux qui voulaient bien la découvrir. Il était séduit par l'accueil des gens du Sud et leur hospitalité. Les remarquables sites sur lesquels il avait travaillé, avait fini par le décider à opter définitivement pour les recherches archéologiques et historiques de son pays. Et plus il avançait dans ses recherches, plus il découvrait qu'il n'avait jamais rencontré d'aussi beaux paysages ailleurs, que chez lui, dans son propre pays. Fettouma l'écoutait, transportée elle aussi par les longs récits de son fils. Les légendes rehaussaient de mystères ces contrées lointaines, et faisaient revivre les temps anciens. (À suivre) Y. H.