Désormais, les chasseurs de l'organisation atlantique font respecter la zone d'interdiction au-dessus de la Libye, a annoncé le général Charles Bouchard qui dirige les opérations de l'Otan dans le pays. Plutôt une bonne nouvelle pour l'opposition qui a volé de victoire en victoire sur le littoral Est de la Jamahiriya libyenne sous la couverture aérienne des coalisés. Mais sa progression semble avoir été ralentie, hier, à la sortie de la ville de Ben Jaouad et des informations contradictoires ont continué de circuler sur la chute de Syrte, la ville natale du colonel Kadhafi. Alors que certaines sources ont affirmé que les opposants n'étaient plus qu'à trente kilomètres de l'entrée est de la ville de Syrte et qu'ils étaient tombés dans une embuscade tendue par les forces gouvernementales à Haraoua, d'autres, par contre, ont confirmé qu'ils ont été stoppés à Ben Jawad, soit à quelque 140 kilomètres de Syrte. Les forces pro-Kadhafi se sont dressées face à l'opposition avec des tirs intenses d'obus. La ville de Syrte ne serait donc toujours pas tombée. Des informations avaient laissé entendre qu'elle était aux mains des opposants sans que ceux-là ne tirent un seul coup de feu. Il n'en est rien. Le calme est revenu à Syrte plus d'une heure après une série d'explosions qui ont secoué la ville natale du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Les rues étaient désertes, il n'y a au aucun survol d'avions, et il n a pas été possible de savoir si les attaques aériennes de dimanche soir et lundi matin, neuf raids au total, ont fait des dégâts ou non. Dimanche soir, plus encore à l'ouest, au moins six explosions ont retenti à Tripoli, suivies de longs tirs de batteries antiaériennes. La télévision d'Etat a parlé de frappes aériennes contre des «zones civiles et militaires» de la capitale. Hier et beaucoup plus au sud de la Jamahiriya libyenne, la coalition internationale a bombardé à l'aube des quartiers résidentiels de la ville de Sebha, à 750 km au sud de Tripoli, fief de la tribu des Kadhadfa dont fait partie le colonel Kadhafi, selon l'agence officielle jana. La ville a été violemment bombardée et plusieurs habitants ont dû abandonner leurs maisons pour se réfugier ailleurs. Plusieurs sites militaires sont situés dans cette ville, base arrière du régime, où se trouvent les tribus armées les plus fidèles, jusqu'ici, à Kadhafi. Même si ces raids aériens ont fait avancer l'opposition, ils ne semblent pas avoir fait reculer les forces loyalistes sur d'autres fronts. Les forces libyennes n'ont pas relâché la pression sur Misrata et Zenten. Les deux villes ont fait l'objet de nouveaux bombardements de la part des bataillons fidèles au colonel Kadhafi. C'est ce qu'a rapporté un porte-parole de l'opposition. Des tireurs embusqués continuent en outre à tirer des toits de la ville, a ajouté Saadoun Al Misrati. Selon un autre représentant de l'opposition, les combats de Misrata ont fait huit morts et 24 blessés. Un étau semblable a concerné la ville de Zenten où les forces gouvernementales tiennent toujours tête à la rébellion qui a marqué des points sur le flanc est de la capitale. Alors que le commandement US a évoqué un retrait des troupes de Kadhafi vers l'ouest de la Jamahiriya (un retrait tactique ou une débâcle ?), le front diplomatique devra connaître aujourd'hui une forte effervescence. Le secrétaire général de l'Otan doit participer à la réunion du groupe de contact politique sur l'opération militaire en Libye, a annoncé hier l'Alliance atlantique. Une réunion destinée à démontrer que les pays membres assument la totalité de l'opération militaire en Libye dans le cadre de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Les ministres des Affaires étrangères de plus de 35 pays ainsi que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avaient confirmé dimanche dernier leur participation, de même que le président de la commission de l'Union africaine, Jean Ping. Au moins deux autres initiatives politiques vont devoir rivaliser avec celle du couple franco-anglais : le plan germano-italien et l'offre de médiation turque qui fait beaucoup de bruit depuis son annonce par Reccep Tayyip Erdogan.