C'est aujourd'hui à 11 heures que la marche du million d'étudiants algériens aura lieu. L'action à laquelle la Coordination nationale autonome des étudiants, créée le 4 mars dernier, se veut être grandiose et historique. La coordination justifie le recours à cette démonstration de force à travers la capitale par “la nécessité d'arracher ses droits et de sauver l'université de son profond marasme”. Les initiateurs, qui depuis près de deux mois, ne cessent de sensibiliser la communauté estudiantine sur l'urgence d'une telle manifestation pacifique table sur la participation de pas moins d'un million d'étudiants de tout le territoire national. Le chiffre sera-t-il atteint pour cette marche qui s'ébranlera de l'esplanade de la Grande-Poste d'Alger vers le Palais du gouvernement ? La réussite des dernières révoltes nées et gérées exclusivement sur la Toile, notamment celle des jeunes Egyptiens est un bon augure puisque la manifestation d'aujourd'hui a été, elle aussi, lancée et suivie via les différents réseaux sociaux d'Internet. En effet, c'est à travers des pages facebook, Twitter… que les étudiants des quatre coins du pays s'échangeaient des informations et autres commentaires sur la crise universitaire. Le fait que les principales revendications pédagogiques de la communauté estudiantine soient communes et relèvent uniquement de la tutelle, comme c'est le cas pour les passerelles et correspondances entre les deux systèmes classique et LMD, incitaient les concernés à dialoguer via Internet. La sourde oreille de la tutelle a, évidemment, prolongé et allongé le dialogue qui n'a fait que consolider les liens entre les étudiants qui ont compris qu'il fallait faire front commun face au département de Harraoubia. Et c'est ainsi que la Coordination nationale autonome des étudiants verra le jour à l'initiative des contestataires de l'université de Béjaïa. “Vu l'absurdité de l'administration, l'irresponsabilité de ses dirigeants, et de ses actes irréfléchis, les comités autonomes et délégués des différentes universités du pays se sont unis pour créer une Cnae pour arracher nos droits tout en déjouant les organisations satellites corrompues”. La coordination autonome a été officiellement créée le 4 mars dernier en vue d'organiser des actions à l'échelle régionale et nationale telle la marche du million d'aujourd'hui. Au départ, l'appel de la coordination à cette action n'a pas suscité l'adhésion de toute la communauté estudiantine. Cependant, le fiasco de la conférence nationale du 27 mars a boosté les adhésions. Même les universités qui au départ s'étaient prononcées contre cette action ont vite fait de changer de position comme pour se venger de la tutelle et des pouvoirs publics à l'image de l'université de Boumerdès et de Dély-Ibrahim qui comptent être au rendez-vous. Ce n'est pas le cas toutefois pour l'Union des grandes écoles qui a préféré ne pas se positionner en tant qu'organisme. “Nous avons laissé le choix à chaque étudiant selon ses convictions personnelles”, nous dit un délégué. De leur côté, les étudiants en pharmacie ont opté pour la non-participation à cette marche. “Nous sommes des étudiants et nous protestons pour des revendications purement pédagogiques qui n'ont rien avoir avec le volet politique”, nous dit le délégué des étudiants.