Le département de Harraoubia, qui croyait mettre fin au mouvement estudiantin par la tenue de la récente Conférence nationale de l'enseignement supérieur, doit “revoir sa copie”. La tempête n'est pas encore passée. Mieux, le spectre d'une année universitaire blanche pointe de plus belle. Et pour cause, la Coordination nationale autonome des étudiants (Cnae) vient d'élargir sa plate-forme de revendications vers d'autres points plus “sérieux”, outre son “rejet” du système LMD qui constituait, au départ, le leitmotiv majeur de la protesta. Pour faire aboutir leur combat, autant pédagogique que social, les représentants de la Cnae appellent à une première action d'envergure : une “marche millionnaire” pour le 12 avril. Cette marche, prévue à partir de 11h, devra s'ébranler de l'esplanade de la Grande-Poste pour aboutir au Palais du gouvernement. C'est ce qu'ont annoncé, hier, les membres de la Cnae des universités de Tizi Ouzou, Béjaïa et Alger, lors d'une conférence de presse conjointe animée à l'université des sciences humaines de Bouzaréah. La décision de recourir, une fois de plus, à la protestation, explique-t-on, a été prise suite à une large concertation nationale entre les membres de la Cnae, qui se sont réunis successivement les 1er et 9 avril. Vraisemblablement, inspirés des “révolutions” des peuples arabes, les étudiants semblent ainsi plus que jamais déterminés à mener la vie dure à la tutelle. Ils aspirent à même rééditer l'exploit de leurs aînés exprimé à travers les deux mouvements (estudiantins algériens) historiques de 1956 et de 1980 ! Le département de Rachid Harraoubia, qui croyait mettre fin au mouvement estudiantin à travers la tenue récemment de la Conférence nationale de l'enseignement supérieur, doit désormais “revoir sa copie”. à défaut, la situation s'envenimera davantage. Les représentants de la coordination autonome, qui qualifient cette conférence de “fiasco”, ne cachent plus leur mécontentement de la “déliquescence” caractérisant actuellement l'université algérienne. Mais, pas seulement ! Ils comptent également porter main forte à la société civile, à même de provoquer “le changement” escompté. “Oui ! Aujourd'hui, nous voulons être à l'avant-garde de la société algérienne. Si nous revendiquons nos droits en tant qu'étudiants, nous le faisons aussi pour assurer des lendemains meilleurs à tous les Algériens. Nous militons pour l'Algérie qui garantit les libertés à toutes les franges sociales”, a averti Y. Aïssiouane, délégué de la Cnae venu de Tizi Ouzou. Sur le plan pédagogique, les étudiants, toujours en grève illimitée, réclament, entre autres, la démocratisation de l'université en optant pour “l'élection et non pas la désignation des responsables universitaires” et la reconnaissance des comités autonomes comme “seul et unique représentant légitime des étudiants”, appelant au passage, à la “dissolution des organisations satellites”. L'unification de la carte d'étudiant, le maintien des deux systèmes (classique et LMD), en laissant le libre choix aux étudiants, la valorisation des diplômes universitaires sont autant de points qui ne préoccupent pas moins les étudiants protestataires, insistant sur la préservation de l'enseignement public. Par ailleurs, les conférenciers ne manquent pas de tirer à boulets rouges sur le ministère de tutelle accusé d'adopter des réformes “sans réflexions profondes”. Pour eux, la dernière sortie du ministre de l'Enseignement supérieur, M. Harraoubia, est davantage “ratée”. Les représentants de la Cnae lui reprochent notamment son annonce de faire appel à des experts étrangers pour l'évaluation de ses propres réformes. “C'est une insulte !” ont-ils commenté. Socialement, les étudiants revendiquent des conditions meilleures. Dans la foulée, ils réclament l'augmentation de la bourse d'études à au moins 15 000 DA le trimestre, avec possibilité de révision en fonction de l'évolution des conditions de vie. Farid Abdeladim