“Autour de la relation thérapeutique”, tel est le thème retenu par la Société algérienne de psychiatrie (SAP) lors de la journée régionale organisée, samedi, au siège de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou. Il s'agit là d'un thème porteur, selon le mot du professeur Kacha qui a suggéré de rester attentif à quelqu'un qui souffre. Les débats se sont déroulés en présence d'une assistance nombreuse. Le président de l'APW, Mahfoud Belabbas, a déclaré, à l'ouverture des travaux, que l'institution qu'il préside milite pour un système de santé plus juste qui garantisse un accès aux soins égalitaire pour tous. Intervenant en premier, le Dr Boudarène qualifie la relation thérapeutique entre le médecin et le malade de rencontre de deux personnalités. Cette relation se base sur deux modèles distincts : l'un paternaliste, qui induit la nécessité d'un contrat et, l'autre, délibératif, qui encourage l'alliance thérapeutique. Le conférencier s'est lancé dans une sorte de comparaison entre ces deux modèles dont l'objectif commun reste, au final, la guérison du malade. Dans le cas du modèle paternaliste, le sujet n'a aucune initiative sur sa maladie ou sa santé. En revanche, dans le cas délibératif qui implique la participation du patient, le droit d'avoir accès à l'information médicale est nécessaire. C'est pourquoi le médecin doit laisser son patient prendre les décisions qui affecteront sa vie, affirme l'intervenant. D'où la conclusion qu'il faut toujours garder à l'esprit que “traiter la maladie c'est bien, soigner l'homme c'est mieux”. C'est là que réside l'art de guérir. Le professeur Kacha s'est intéressé au sens du symptôme dans les thérapies traditionnelles, en se basant sur l'exemple clinique d'un jeune couple universitaire qui n'a pas consommé son mariage, 17 mois après. Insistant sur la double conceptualisation de la souffrance, Farid Kacha s'est interrogé si on peut guérir en dehors du système médical rationnel, dès lors que la présence des djinns est une réalité dans notre culture traditionnelle. C'est pourquoi l'orateur a proposé de négocier un espace culturel intermédiaire. Insight et relation thérapeutique est le titre de la communication donnée par le professeur Belaïd qui a mis en avant la perception par le patient de sa maladie. L'insight est un phénomène complexe, on peut distinguer plusieurs aspects : la conscience d'être malade, la conscience des différents symptômes, la conscience de nécessiter un traitement, la conscience des conséquences et, enfin, l'attribution causale. Le docteur Boudjemaâ, de l'hôpital central de l'Armée, a abordé l'alliance thérapeutique, alors que sa consoeur, le Pr Benmessaoud, a disserté sur l'éthique relationnelle en psychothérapie. La conférencière a présenté un exemple clinique, une jeune femme universitaire âgée de 33 ans, mariée et sans enfants. D'autres praticiens se sont succédé à la tribune pour aborder la problématique de la relation thérapeutique. C'est le cas, par exemple, du Dr Amirèche qui a abordé la relation psychiatre-somaticien, citant le cas d'une prise en charge des malades mentaux. Pour sa part, le docteur Karima Ammar s'est interrogée sur la relation thérapeutique avec les médecins. Elle a reconnu la difficulté de la mission thérapeutique dès lors que qu'elle a affaire à des patientes particulières, des femmes médecins. Le Dr Mitiche a développé, elle, le concept d'empathie.