Le Premier ministre britannique Tony Blair a reconnu juste avant la guerre en mars que l'Irak ne détenait pas d'armes de destruction massive (ADM) susceptibles d'être déployées rapidement, affirme l'ancien ministre des Affaires étrangères Robin Cook dans un livre à paraître. M. Cook écrit également que lors d'une discussion avec Tony Blair, deux semaines avant le début du conflit le 20 mars, il a eu le sentiment que le Chef du gouvernement était déterminé à faire la guerre, quelles que soient les conclusions des inspecteurs en armement de l'Onu. Ces révélations sont contenues dans des extraits publiés dans le Sunday Times du livre de l'ancien ministre basé sur le journal qu'il a tenu pendant la période tendue avant sa démission à la veille de l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne. M. Cook dit qu'il n'a aucune raison de douter que M. Blair croyait que l'Irak pouvait déployer des ADM en 45 minutes en septembre 2002, au moment de la publication d'un rapport à charge contre Bagdad. En revanche, ajoute-t-il, lors de sa conversation avec le Premier ministre le 5 mars 2003, peu avant le lancement de la guerre, “il est clairement ressorti qu'il (Tony Blair) n'y croyait pas lui-même”. “Il ne m'a pas contredit quand j'ai dit que Saddam n'avait pas de réelles ADM pouvant être utilisées contre des villes ou sur des longues distances” mais uniquement une petite quantité de munitions chimiques, a-t-il affirmé. Et lorsqu'il a interrogé M. Blair sur les risques de l'utilisation de ces munitions contre des soldats britanniques en cas d'invasion, ce dernier lui a répondu : “Oui mais tous les efforts qu'il (Saddam Hussein) a fait pour les cacher lui rend la tâche difficile pour les mettre en place rapidement.” M. Cook ajoute que “ces commentaires l'ont "profondément troublé”. Dans son livre, Robin Cook dit aussi qu' “un grand nombre de ministres”, dont David Blunkett (Intérieur) et Patricia Hewitt (Industrie et Commerce) ont critiqué, dès mars 2002, l'implication de la Grande-Bretagne dans une future guerre menée par les Etats-Unis. “Ecoute, écoute”, ont dit des ministres à Tony Blair lorsque M. Cook a suggéré que les pays arabes voyaient la politique israélienne, et non l'Irak, comme le vrai problème au Moyen-Orient, rapporte l'ancien ministre. Les services de M. Blair ont minimisé la portée des déclarations potentiellement dévastatrices pour le gouvernement. “L'idée que le Premier ministre ait dit un jour que Saddam Hussein ne détenait pas d'armes de destruction massive est absurde”, a déclaré un porte-parole de Downing Street. “Le point de vue de Robin Cook est bien connu et a déjà été exprimé plusieurs fois”, a-t-il ajouté. Les anti-guerre ont eux saisi au bond les déclarations de l'ancien ministre des Affaires étrangères pour renouveler leur demande d'enquête indépendante sur les raisons de la guerre contre l'Irak, d'autant qu'aucune arme de destruction massive n'a été découverte près de cinq mois après la fin des combats majeurs.