Aveux n En révélant qu'il aurait engagé le Royaume-Uni dans la guerre en Irak, même s'il avait su que Bagdad n'avait pas d'armes de destruction massive, Tony Blair a relancé la polémique. En mars 2003, Tony Blair avait engagé son pays dans la guerre en Irak, en affirmant que Saddam Hussein disposait d'armes de destruction massives (ADM) qu'il pouvait déployer «en 45 minutes». Aucune arme de ce type n'a été trouvée et il s'est avéré que la mention des «45 minutes» avait été ajoutée afin de «muscler» un rapport des services de renseignement britanniques. C'est lors d'une émission religieuse, hier matin sur la BBC, qu'est tombée «la confession». Invité à dire s'il aurait engagé son pays dans la guerre, même si l'ancien dictateur irakien, Saddam Hussein, ne disposait pas d'ADM, Blair a lâché : «J'aurais continué à penser qu'il était juste de le renverser.» «Evidemment, nous aurions employé et développé des arguments différents quant à la nature de la menace», a ajouté l'ancien chef du gouvernement (de 1997 à 2007). La déclaration de M. Blair est «l'aveu le plus clair que les fameuses armes étaient en effet un prétexte», écrit le Sunday Telegraph, estimant que cela va «changer la donne de l'enquête sur l'Irak» dont les audiences publiques se tiennent à Londres depuis plusieurs semaines. La commission se penche sur les raisons qui ont poussé à l'engagement controversé en Irak. Tony Blair y sera entendu, probablement en janvier, et son audition sera «en grande partie» publique. La commission, qui remettra son rapport fin 2010 au plus tôt, n'est pas un procès, mais cela n'empêche pas la coalition «Stop the War» d'exiger des «poursuites judiciaires» contre Tony Blair «s'il réitère cet aveu de crimes de guerre devant l'enquête». Les déclarations de Tony Blair pourraient en effet l'exposer à des «difficultés judiciaires». Déjà, l'ancien avocat de Saddam Hussein demande des poursuites pour guerre «illégale». Giovanni di Stefano, l'actuel conseil italien de l'ancien ministre irakien des Affaires étrangères, Tarek Aziz, a adressé à l'Attorney General, principal conseiller juridique du gouvernement britannique, une «demande de consentement pour poursuivre» Tony Blair. M. Blair a «enfreint la Convention de Genève de 1957 en engageant son pays dans une guerre non justifiée par une nécessité militaire et menée de manière illégale et gratuite», estime Me Di Stefano dans la lettre.