Récurrente, la pénurie de réactifs de sérologie a atteint des proportions alarmantes à l'institut pasteur Algérie (IPA). Notre source révèle un manque en antigène HBS, destiné à dépister l'hépatite B, l'anticorps anti-HCV (hépatite C), les anticorps HIV 1 et 2 (sida) et, pour la première fois depuis des années, une rupture en réactifs de sérologie pour les femmes enceintes est enregistrée. Autant de produits vitaux pour le fonctionnement de l'ensemble de la chaîne de traitement des grandes pathologies au niveau des structures hospitalières, des polycliniques et des officines. Certains praticiens de la santé expliquent ces pénuries fréquentes par la lenteur des procédures douanières qui peuvent prendre entre six mois et deux ans et qui font que parfois les produits arrivent périmés à l'institut Pasteur. D'autres ne sont pas convaincus que la bureaucratie douanière est la seule cause de ces ruptures répétitives de réactifs, mais aussi de sérum et de vaccins. Ils mettent en avant une mauvaise gestion qui entraîne un épuisement de stock de ces produits essentiels et leur non-renouvellement à temps. Enfin, il y en a qui lie ces pénuries à l'application des nouvelles mesures relatives au commerce extérieur, notamment le crédit documentaire (Crédoc). En effet, en l'espace de neuf mois, deux directeurs ont été nommés à la tête de l'institut Pasteur Algérie. Le premier a été limogé pour gestion anarchique de stocks de vaccins, de réactifs et de sérum. Il s'en est défendu en soulignant que ces ruptures étaient le résultat de l'application du crédit documentaire. Seulement, il faut relever qu'en pleine pandémie de grippe A/HINI, l'IPA a montré un visage non rassurant en peinant à ajuster une politique cohérente pour la distribution des vaccins. La période de vérification de l'efficacité de ces vaccins importés d'Europe avait mis tellement de temps que des doutes, quant à la fiabilité de ces vaccins, étaient apparus même au sein de la corporation. Des médecins, en dépit des assurances de l'ex-ministre Saïd Barkat, qui s'était vacciné en premier, avaient, rappelons-le, refusé de le faire. Dernièrement, devant son conseil d'administration, le ministre de la Santé, Djamel Ould-abbès, a estimé “important de redynamiser l'activité de l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA), notamment en termes d'organisation et de gestion”. Si, par le passé, l'IPA était une référence médicale régionale, cet établissement connaît, ces derniers temps, moult dysfonctionnements. “Nous savons que les compétences et les moyens matériels existent. Nous devons seulement réfléchir sur l'organisation et le fonctionnement de l'Institut, et ce, à travers une politique fondée sur le dialogue et la cohérence entre les acteurs du secteur de la santé”, préconise le premier responsable du département de la santé. Quand ces vœux seront-ils concrétisés ? Le temps est compté pour des milliers de malades.