Le président égyptien Hosni Moubarak a présidé jeudi une réunion élargie qualifiée de «Conseil de sûreté nationale». L'avenir politique de son fils Gamal, candidat à sa succession, est en jeu. Le but du défenseur Antar Yahia a chamboulé tous les plans des hautes autorités égyptiennes. La défaite face à l'Algérie risque de coûter cher au président égyptien, Hosni Moubarak. Aussi, le Raïs a présidé jeudi une réunion élargie, qualifié de «Conseil de sûreté nationale». Pour preuve, ont pris part à cette réunion un grand nombre de responsables du gouvernement, dont Ahmed Nadhif, Premier ministre, Fethi Sourrour, président de l'assemblée du Peuple, Safwat Cherif, président du conseil de la Choura, Ahmed Abou Gheïth, ministre des Affaires étrangères, Habib al-Adli, ministre de l'Intérieur, Anas Fekï, ministre de l'Information, Moufid Chihab, ministre des Affaires juridiques et des Conseils parlementaires, Ahmed Maghrebi, ministre de l'Habitat, Ahmed Chafik, ministre de l'Aviation civile, Omar Souleyman, patron des Moukhabarate (renseignements) Zakaria Azmi, chef du cabinet présidentiel, Sami Anane, chef d'état-major de l'Armée et Hassen Sakr, président du Conseil national du sport (équivalent au ministère de Sports). L'ordre du jour n'était pas consacré à une attaque israélienne mais bel et bien pour discuter des soi-disant actes de violence contre les Egyptiens en Algérie et au Soudan, à l'issue des matchs opposant l'Egypte à l'Algérie au titre des éliminatoires du Mondial 2010. A l'issue de cette réunion, Hosni Moubarak a décidé de rappeler l'ambassadeur d'Egypte à Alger, Abdelaziz Seïf Nasr, pour consultation, en signe de protestation contre la poursuite des agressions, selon Le Caire, contre les Egyptiens et leurs intérêts en Algérie. En outre, l'ambassadeur d'Algérie au Caire, Abdelkader Hadjar, a été convoqué au ministère égyptien des Affaires étrangères, à la demande du président Moubarak, où il lui a été fait part «de l'extrême consternation de l'Egypte envers les actes de violence commis par des citoyens algériens contre les Egyptiens», à l'issue du match disputé avant-hier à Khartoum. Houssam Zaki, porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, a laissé entendre qu'une lettre sévère a été transmise à l'ambassadeur d'Algérie en Egypte, sur «la nécessité de protéger la présence égyptienne en Algérie, tant les ressortissants que les intérêts égyptiens». M.Hadjar avait déjà été convoqué lundi par le ministère égyptien, après que des supporters algériens eurent attaqué des locaux de sociétés égyptiennes à Alger. Le président égyptien Hosni Moubarak a fait savoir qu'il suivait la question personnellement. Cependant, le Raïs n'a fait aucun commentaire concernant les manifestations d'hier appelant à l'expulsion de l'ambassadeur d'Algérie au Caire. Les manifestants ont lancé des pierres et des bombes incendiaires sur les forces de l'ordre qui protégeaient l'accès à l'ambassade d'Algérie au Caire faisant 35 blessés dont 11 policiers, selon le ministère égyptien de l'Intérieur. En outre, une campagne médiatique hystérique a été lancée contre l'Algérie, son peuple, ses institutions et ses généraux. En effet, pour sauver la face, le président Moubarak a instrumentalisé les médias qui n'ont pas hésité à qualifier l'Algérie et les Algériens de tous les noms d'oiseaux les rendant responsables de tous leurs maux sportifs, sociaux, économiques et politiques. D'ailleurs, et suivant à la lettre les orientations du président Moubarak, l'Union du cinéma égyptien vient d'annoncer qu'elle boycottera toutes les manifestations culturelles et particulièrement cinématographiques algériennes à partir de ce jeudi. Tandis que le fils aîné du président égyptien, Alaa Moubarak, a qualifié les supporters algériens de «mercenaires», et taxé de «terroristes» les incidents qui ont eu lieu mercredi à Khartoum. Le fils du président Hosni Moubarak a également estimé que son pays devait porter plainte auprès de la Fifa pour dénoncer des actes d'intimidation contre l'équipe égyptienne. Mais de quels actes? Ce sont pourtant les joueurs algériens qui ont été callaissés au Caire. «Il y a quelque chose d'étrange en Algérie. Un mélange de méchanceté et de rancune contre l'Egypte», a ajouté Alaa Moubarak en soulignant «impossible que nous, Egyptiens, supportions cela. Nous devons nous dresser et dire ‘'assez''». «Si vous insultez ma dignité (...) je vous frapperai à la tête», a encore lancé Alaa Moubarak. Ainsi, les ponts entre les deux pays chavirent dangereusement. Toute cette agitation ne trouve son explication que dans l'échec avéré de Hosni Moubarak d'assurer sa succession par son fils Gamal. En effet, Hosni Moubarak comptait sur une qualification des Pharaons au Mondial pour tirer les marrons du feu et faire coup double: présenter son fils, Gamal, comme son successeur le plus apte et dans le même temps calmer la montée d'une certaine tension sociale. Mais Antar Yahia a balayé d'un tir magistral tous ces plans.