Il estime que le CLA et la Cnapest ne sont pas des syndicats représentatifs. Face au mouvement de grève initié par les professeurs de l'enseignement secondaire qui paralyse, actuellement, la capitale ainsi que d'autres wilayas du pays, le ministre de l'éducation nationale préfère s'accommoder d'un légalisme absurde. Au lieu d'engager le dialogue avec les initiateurs de la contestation, il feint de prêter une ouïe plus attentive à un syndicat manifestement plus docile. En effet, au moment où des AG étaient organisées dans les lycées de la capitale pour réclamer la libération du leader du CLA, interpellé la veille au cours d'un rassemblement devant le lycée El-Idrissi, Boubekeur Benbouzid recevait les membres du bureau national de la Fédération nationale des travailleurs de l'éducation (FNTE). À l'ordre du jour de cette séance de travail, décrite de part et d'autre comme ordinaire, l'évaluation de la rentrée scolaire ainsi que les réformes du système éducatif mises en œuvre cette année. Si le ministre a profité de cette occasion pour faire la promotion des réformes et s'exprimer sur le bon déroulement de la rentrée, notamment dans les zones sinistrées en dépit des difficultés objectives induites par le délabrement de nombreux établissements scolaires, il a surtout mis en exergue les efforts entrepris par son département et par le gouvernement pour répondre favorablement aux doléances des travailleurs du secteur, en premier lieu les enseignants. Dans ce contexte, il a insisté sur l'ouverture de plus de 30 000 postes budgétaires, dont 16 000 à la rentrée de septembre. D'ailleurs, il a tôt fait de rappeler à ses hôtes que c'était l'une de leurs revendications lors de la fameuse grève à laquelle la FNTE avait appelée en février 2001. Ils ne peuvent donc qu'en être satisfaits. Même s'ils n'ont pas fait preuve d'euphorie, les représentants du syndicat UGTA ont consenti au ministre cette faveur. Sans qu'il ne leur soit rien demandé, ils se sont également fait l'écho d'un autre motif de satisfaction lié celui-là au logement. Reste le point le plus important toujours en suspens, à savoir le relèvement des traitements. “Nous étions les premiers à dire que les augmentations obtenues lors de la dernière bipartite en automne 2001 — une revalorisation de 20% de la prime de rendement — étaient insuffisantes”, se défend M. Djebbar, SG de la FNTE. Pour autant, depuis, son organisation s'est retenue d'engager toute action pour rappeler au ministre ses engagements. En effet, à de nombreuses reprises, Benbouzid avait promis de se faire le porte-parole des travailleurs auprès du gouvernement. Or, rien n'a été fait. Hier encore, il a ressassé cette promesse vaine. Exaspérée, la base a fini par casser les chaînes qui la lient à la FNTE et prendre son destin en main au sein d'organisations autonomes. Cependant, autant aux yeux de la FNTE que du ministère de l'éducation, ces syndicats ne sont pas représentatifs, “hormis la FNTE, qui peut aujourd'hui faire valoir des acquis”, s'est enorgueillit Djebbar. D'après lui, le CLA et autre Cnapest sont des fanfarons. Quant au ministre, même s'il reste poli, c'est néanmoins avec une grande indifférence qu'il considère le mouvement protestataire. Intransigeant, il décrète : “Je ne céderai pas sous la pression.” S. L.