Cela faisait bien longtemps que le stade du 1er-Novembre n'avait pas connu une telle ambiance, un telle ferveur et pour couronner le tout une telle allégresse. “La Coupe atsalli dha sawan !” voilà un air bien connu et propre au folklore de Dame Coupe qui avait disparu quelque peu des travées du stade du 1er-Novembre et qui a été entonné en chœur par des dizaines de milliers de poitrines lundi soir dans une arène kabyle en folie. C'est que dix sept ans après le dernier trophée remporté en 1994 contre l'AS AIn M'lila, la Kabylie est soudainement enivrée par l'odeur particulière de la Coupe d'Algérie. Il est vrai que les supporters kabyles gardent encore en travers de la gorge ces deux dernières finales perdues contre l'USM Alger en 1999 puis en 2004 mais les “Imazighen” estiment que Dame Coupe remontera cette année vers les monts du Djurdjura. C'est dire que ce vieil air du terroir aura retrouvé à l'occasion de cette superbe demi-finale JSK-MCO, toute sa signification et sa saveur pour les fans kabyles qui ont fêté tel qu'il se doit ce nouveau rendez-vous avec l'histoire du football algérien. Au coup de sifflet libérateur de M. Bichari qui aura été maître de la situation même s'il a hésité à siffler un penalty indiscutable au profit de Younès crocheté dans la surface de réparation, le stade du 1er -Novembre s'est alors enflammé comme aux plus belles années de gloire du mythique “jumbo-jet” de la belle époque. Du coup, les joueurs et les supporters de la JSK ont oublié le penalty non sifflé par l'arbitre, la bourde de Berrefane qui peut arriver aux meilleurs gardiens du monde ou encore cette égalisation de Berradja qui a failli tout remettre en cause si ce n'était l'opportunisme de Hamiti qui exploita en fin de partie ce corner bien botté par le jeune Lamhène, l'étoile montante de l'école kabyle. Et au-delà de la victoire somme toute méritée des kabyles, cette demi-finale a été marquée par une grande sportivité sur le terrain et dans les tribunes où les deux présidents Hannachi et Mehiaoui ont suivi la rencontre côte à côte dans la pure tradition britannique et où il fallait un vainqueur et un vaincu. Et comme dans les soirées des grandes victoires, les vestiaires kabyles étaient envahis par une ambiance de fête alors que les cortèges de voitures bariolées aux couleurs du club kabyle et les concerts de chants et de klaxons avaient aussitôt envahi la ville des Genêts. N'est-ce pas que la Coupe a une senteur particulière et les Kabyles qui ont déjà remporté le fameux trophée à quatre reprises soit en 1977 face au NAHD, en 1986 face au Wifak de Collo, en 1992 contre l'ASO Chlef à Oran puis la dernière en 1994 contre l'AS AIn M'lila en savent certainement quelque chose, eux qui se souviennent encore de ces moments de bonheur et de délire comme seule Dame Coupe peut en procurer. Et au cœur de toute cette bande joyeuse, un homme était heureux, fier et particulièrement heureux de savourer ce précieux billet pour la finale et de retrouver prochainement la grande solennité du stade olympique du 5-Juillet. “Pour un Algérien comme moi qui a vécu presque toute sa vie en Europe, le fait de vivre une finale de Coupe d'Algérie est un bonheur sans précédent. Retrouver l'ambiance particulière du 5-Juillet, approcher le président de la République et vivre les moments intenses d'une finale dans mon pays est quelque chose de sublime pour moi. J'ai déjà vécu une finale mémorable avec l'USMA en 2006 malgré l'amère défaite contre le MCA et j'espère que cette fois je serai comblé même si j'ai beaucoup de respect pour l'USM El-Harrach notre futur adversaire en finale !” dira avec un gros sentiment de fierté et surtout d'émotion le coach kabyle Rachid Belhout, l'homme providentiel qui a redonné du tonus à la JSK et du bonheur à toute la Kabylie qui croit désormais à sa 5e Coupe d'Algérie.