“Ils veulent faire de ce pays une grande salle d'attente et un grand restaurant”, a ironisé Karim Tabbou, accusant le pouvoir d'interdire aux citoyens de faire de la politique et de les inciter à “réclamer seulement de l'argent”. Le Front des forces socialistes (FFS) est formel : le pouvoir algérien n'a aucune volonté d'aller vers le changement, une “nécessité” pourtant historique, estime son premier secrétaire, Karim Tabbou. “Les décideurs et le président de la République n'ont aucune volonté de changement”, a indiqué, hier, Karim Tabbou lors d'un meeting organisé à l'ex-bibliothèque communale d'El-Harrach, dans la banlieue est d'Alger. En plus de l'absence de décisions concrètes, comme l'ouverture réelle de l'audiovisuel, le premier secrétaire du FFS évoque, comme preuve de la réfraction du régime à tout changement, le recyclage du personnel politique et la désignation de Abdelkader Bensalah à la tête de la commission pour les réformes politiques. “C'est le chef des cow-boys qu'on désigne à la tête de la commission pour piloter les réformes”, a-t-il dit, sous un tonnerre d'applaudissements d'une salle comble, allusion à l'attitude du Sénat par rapport au projet de loi de la levée de l'état d'urgence proposé par le FFS en 1997 et la façon dont le défunt Boumaza a été éjecté du perchoir de la Chambre haute. “Ce n'est pas sérieux”, a-t-il clamé. Selon lui, “le pays nécessite un nettoyage” car “il s'agit d'un problème écologique”. Et si le FFS a choisi El-Harrach, c'est pour aller réconcilier les citoyens avec la chose politique. “Ils veulent faire de ce pays une grande salle d'attente et un grand restaurant. Ce pouvoir traite avec les citoyens comme si l'argent lui appartenait. Il demande aux citoyens de ne pas faire de politique et de réclamer seulement de l'argent”, a-t-il affirmé. “Nous ne sommes pas des clients”, a-t-il dit. Le FFS, qui n'a pas été tendre avec l'administration, notamment celle d'Alger qui s'emploie à mettre cette ville “à l'abri de la politique”, soupçonne le pouvoir de vouloir “attirer les forces d'opposition dans la violence et de confiner la politique à une seule région”. “Ce régime est spécialiste de la violence. Nous, nous ne voulons pas de la confrontation”, a-t-il dit. Convaincu de la nécessité historique du changement, le FFS a réitéré que les manœuvres du régime pour se perpétuer sont vaines et que l'avenir appartient à la jeunesse et notamment aux étudiants auxquels il a rendu hommage. “On ne peut pas maquiller un cadavre.” “Nous avons un devoir moral de préparer l'avenir de nos enfants”, a conclu Tabbou.