Les autorités syriennes affichaient hier leur détermination à faire taire par la force la contestation sans précédent contre le président Bachar al-Assad, en ordonnant à l'armée d'intervenir tour à tour à Banias (nord-ouest) et à Homs (centre). Les militaires, qui avaient pris position, depuis vendredi, avec des chars dans le centre de Homs, à 160 km au nord de Damas, ont pénétré, samedi soir et dimanche, à l'aube dans plusieurs quartiers tenus par les opposants au régime comme Bab Sebaâ et Baba Amr, selon un militant des droits de l'Homme. Des tirs de mitrailleuses lourdes ont résonné dans ces deux quartiers, où l'électricité et les communications téléphoniques étaient coupées, a ajouté ce militant. Une vidéo publiée sur Youtube montre une vingtaine de camions remplis de militaires se diriger dans la nuit vers Bab Sebaa. Depuis le début de la contestation, Homs, troisième ville du pays avec un million d'habitants, est le théâtre de manifestations quasi-quotidiennes. D'après l'organisation des droits de l'Homme Insan, 16 manifestants avaient été tués vendredi à Homs quand les forces de sécurité avaient ouvert le feu sur une manifestation qui arrivait à Bab Dreib, dans le centre-ville. À Banias, ville de 50 000 habitants sur la côte méditerranéenne, les communications téléphoniques, l'électricité et l'eau ont été coupées, selon Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. “La ville est coupée du monde et dans les quartiers sud, place forte des contestataires, il y a des tireurs embusqués sur les toits”, a-t-il ajouté. Samedi, il y a eu des perquisitions et des arrestations de blessés dans les quartiers sud, où vivent 20 000 personnes, selon M. Abdel Rahmane qui redoutait “une catastrophe humanitaire”. Son organisation a précisé que plus de 200 personnes, dont un enfant de 10 ans, avaient été arrêtées, entre samedi soir et dimanche matin, à Banias. L'armée intervient à Homs et à Banias après dix jours de siège de Deraâ (sud), épicentre de la contestation. Entrée le 25 avril dans la ville, l'armée a arrêté plusieurs milliers de personnes, selon des militants des droits de l'Homme. À Damas, Riad SeIf, grande figure de l'opposition, “a été déféré devant la justice qui l'a inculpé du crime de manifester”, a déclaré M. Maâtouk, président du Centre syrien de défense des prisonniers de conscience. Riad Seïf a affirmé au juge avoir été “frappé à la tête par les agents de sécurité” avant d'être arrêté vendredi après la prière près d'une mosquée dans le centre de Damas. Une manifestation contre le régime avait rassemblé plusieurs centaines de personnes vendredi à la sortie de cette mosquée.